Les 10 rôles les plus fous de Sean Penn
DOSSIERS
Romain Jankowski
10/1/20255 min read


Depuis les années 80, Sean Penn s’est forgé une réputation unique : celle d’un comédien intense, entier, parfois imprévisible, toujours prêt à repousser ses limites.
Penn ne choisit jamais la facilité. Il se transforme, s’efface derrière ses personnages, expérimente des registres opposés — du drame le plus déchirant à la comédie la plus improbable — et, surtout, il ose tout, quitte à diviser.
Certains le trouvent excessif, d’autres le considèrent comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Une chose est sûre : il ne laisse jamais indifférent.
Alors qu'il livre une nouvelle prestation dingo dans UNE BATAILLE APRES L'AUTRE, voici un Top 10 de ses prestations les plus barges, intenses ou inoubliables.
10. ACCORDS ET DESACCORDS (1999) – Emmet Ray
Réalisé par Woody Allen
Penn surprend ici en jouant un guitariste de jazz talentueux mais imbu de lui-même et légèrement idiot. Il adopte une démarche vaniteuse, une voix nasale et une gestuelle comique.
Il réussit à rendre ce personnage à la fois détestable et attachant, un drôle d'équilibre sur lequel il parvient à surfer (ce qu'il a d'ailleurs souvent fait tout au long de sa carrière). C’est une composition fine, drôle et très différente de ses rôles habituels. Preuve qu’il peut briller aussi dans la comédie, et pas seulement dans le drame intense. Il fut nommé aux Oscars.
9. LA LIGNE ROUGE (1998) – Sergent Welsh
Réalisé par Terrence Malick
Dans cette fresque poétique et philosophique sur la guerre, Penn incarne un sergent cynique et pragmatique, toujours en léger décalage par rapport au ton contemplatif du film.
Il apporte une présence magnétique : son calme sec et autoritaire tranche avec la beauté étrange du récit. À chaque apparition, on sent l’intelligence et la dureté de ce soldat qui a tout compris à la folie de la guerre.
Dans un film où défilent de nombreuses stars (Caviezel, Nolte, Brody…), Penn reste l’un des visages les plus marquants.
8. MILK (2008) – Harvey Milk
Réalisé par Gus Van Sant
Penn incarne Harvey Milk, premier homme politique ouvertement homosexuel élu en Californie dans les années 1970. Il se montre chaleureux, drôle, malicieux, profondément humain. Il adopte les mimiques et la voix de Milk sans en faire une simple imitation. Il communique également une joie de vivre contagieuse tout en portant sur ses épaules le poids d’un combat historique. Une transformation impressionnante. Il remportera ici son deuxième Oscar.
7.THIS MUST BE THE PLACE (2011) - Cheyenne
Réalisé par Paolo Sorrentino.
Penn incarne ici une ancienne rock star gothique, vivant recluse en Irlande dans un manoir, au look improbable : cheveux noirs crêpés, maquillage autour des yeux, voix lente et haut perchée. On est très loin du Penn habituel.
Son personnage, mélancolique et bizarre, décide soudain de partir aux États-Unis pour traquer un ancien criminel nazi. Le mélange entre quête existentielle, humour absurde et road movie donne un film atypique — et pas toujours très réussi. Toutefois, impossible de ne pas souligner sa performance, tant celle-ci est singulière.
6.OUTRAGES (1989) - Sergent Tony Meserve
Réalisé par Brian de Palma.
Dans ce drame de guerre où l'enfer du Vietnam a depuis longtemps tué toute humanité, Penn est absolument glaçant dans la peau de ce sergent sadique. L'acteur n'en fait pas un "méchant" classique, mais incarne un homme qui a définitivement lâcher prise pour plonger dans son propre abîme. Il y est d'une froideur implacable, bien éloigné de la candeur du plus idéaliste Michael J.Fox, ce qui renforce encore leur opposition morale.
5.SAM, JE SUIS SAM (2001) – Sam Dawson
Réalisé par Jessie Nelson.
Sean Penn y incarne un homme avec une déficience intellectuelle qui élève seul sa fille, jusqu’à ce que les services sociaux cherchent à la lui retirer. Il adopte une gestuelle précise, une diction particulière et une innocence désarmante. C’est un rôle à double tranchant : facile à rendre faux ou pathétique. Penn, lui, s’y plonge sans peur du ridicule, et livre une interprétation très physique et émotionnelle. Certains spectateurs trouvent qu’il en fait trop, d’autres sont bouleversés par sa sincérité brute. En tout cas, Ben Stiller l'a remarquablement détourné dans son tordant TONNERRE SOUS LES TROPIQUES.
4. L'IMPASSE (1993) – David Kleinfeld
Réalisé par Brian De Palma.
Ici, Penn s’offre une transformation spectaculaire : cheveux frisés roux, lunettes rondes, mine fébrile et regard halluciné. Il incarne un avocat véreux et cocaïnomane, en pleine descente aux enfers morale et physique.
Face à Al Pacino, il adopte une énergie nerveuse, imprévisible. Chaque scène avec lui semble prête à exploser, tant son personnage est à la fois pathétique et dangereux. Kleinfeld est un homme qui se croit invincible mais que la drogue et la corruption font lentement sombrer. C'est assez rare pour le souligner, mais Penn vole littéralement plusieurs scènes à Pacino et compose l’un des meilleurs rôles secondaires des années 90. C'est pas rien.
3. LA DERNIERE MARCHE (1995) – Matthew Poncelet
Réalisé par Tim Robbins.
Un autre rôle extrêmement casse-gueule : celui d’un condamné à mort raciste, vulgaire et arrogant. Au début, il est presque insupportable — il crache sur tout le monde, méprise la religieuse jouée par Susan Sarandon et se présente comme une ordure sans remords.
Mais peu à peu, Penn fait évoluer son personnage de façon subtile et bouleversante : derrière l’orgueil et la haine, on découvre la peur, la honte et une humanité malmenée. La scène finale, dans la salle d’exécution, est glaçante : il choisit de dire la vérité, dépouillé de toute façade. Penn évite la caricature et ose la complexité morale. Une performance d’une intensité froide et maîtrisée. L'une de ses meilleures.
2.UNE BATAILLE APRES L'AUTRE (2025) - Steven Lockjaw
Réalisé par Paul Thomas Anderson.
Tout le monde ne parle que de lui et on ne s'en étonnera pas. On l'a bien vu, Sean Penn est un comédien qui prend souvent des risques et ose se mettre à nu émotionnellement pour camper des hommes à la limite de la rupture. Il condense tout ici, nous sort des mimiques venues de nulle part, adoptant une démarche qui oscille entre le clown, le militaire et la virilité forcée. Il est toujours prêt à exploser, nous dévoilant un homme rempli de contradictions et de fêlures, qui a décidé de vivre dans la haine pour ne pas les affronter. Le troisième Oscar n'est peut-être pas loin.
1.MYSTIC RIVER (2003) - Jimmy Markum
Réalisé par Clint Eastwood.
Son sommet. Sean Penn incarne ici un ancien voyou reconverti en père de famille, rattrapé par le meurtre brutal de sa fille adolescente. Dès la scène du crime, il livre une interprétation d’une puissance rare : il hurle de douleur, tente de franchir les barrières policières, s’effondre dans les bras des officiers. C’est une scène culte, viscérale, presque insoutenable tant Penn semble réellement habité par le chagrin. Ce rôle lui permet de mêler rage contenue, vulnérabilité et soif de vengeance avec une justesse qui impressionne. Il campe un homme que la vie a déjà marqué, et qui s’enfonce dans les ténèbres à mesure que le film avance. Oscar du Meilleur acteur mérité : sa performance est la colonne vertébrale émotionnelle du film.