Critique de UNE BATAILLE APRES L'AUTRE
CRITIQUES
Romain Jankowski
9/30/20253 min read


Paul Thomas Anderson est de retour, et il n’a clairement pas envie de faire dans la dentelle. Avec UNE BATAILLE APRES L'AUTRE, le cinéaste signe une œuvre à la fois politique, furieuse, drôle et bouleversante, où chaque scène semble vibrer d’une énergie à fleur de peau.
American dream
Ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, Bob (Leonardo DiCaprio) vit en marge de la société, avec sa fille Willa (Chase Infinite), indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré (Sean Penn) refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…
PTA ne se contente pas de raconter une histoire : il met les poings sur la table. Le film explore sans détour la difficulté de résister aux institutions et dépeint une société rongée par une inhumanité insidieuse. Certaines scènes frappent par leur résonance avec l’actualité américaine. En filigrane, Anderson observe une nation fracturée, incapable de regarder ses blessures en face. Mais derrière la colère et la critique sociale, le cinéaste tisse un récit profondément intime : celle d’un père et de sa fille. C’est le cœur vibrant du film, magnifié par la jeune Chase Infiniti, révélation éblouissante qui apporte au récit une douceur inattendue. Leur lien, fragile et intense, donne au film une jolie dimension émotionnelle. Cette relation devient le véritable fil conducteur d’un récit foisonnant où se côtoient de drôles de personnages.
Une oeuvre libre
Fidèle à lui-même, le metteur en scène livre un scénario intelligent, parfois excessif mais toujours maîtrisé. Il embrasse les débordements, les digressions et les fulgurances avec une liberté jubilatoire. Résultat : un film en colère, vif, parfois explosif, mais surtout profondément vivant. Malgré la gravité des thèmes, UNE BATAILLE APRES L'AUTRE n’est jamais plombant. Au contraire : Paul Thomas Anderson fluidifie son style, se permet des envolées comiques (dont deux séquences mémorables avec un DiCaprio en feu) et une mise en scène d’une virtuosité bluffante (les séquences nocturnes dans une ville qui s'embrase). En ce qui concerne la poursuite finale, complètement démente, elle risque de désarçonner le public tant elle s'avère parfaitement.. unique. C'est un travail d'orfèvrerie qui démarre dès les premières minutes, haletantes, qui condensent une tranche de vie en une poignée de scènes.
Un casting qui en impose
C’est peu dire que le casting est au diapason. Sean Penn crève littéralement l’écran dans un rôle de brute raciste aussi répugnant que fascinant. Entre ses mimiques odieuses et son regard de prédateur, il compose un personnage à la fois théâtral et terriblement crédible. C'est un vrai Terminator, une machine à tuer qui ne laisse jamais de répit à sa proie. Il vise l'élite, sans comprendre qu'il n'est finalement qu'un pion comme les autres. Penn, acteur cabotin, trouve ici son bonheur. De son côté, Leonardo DiCaprio confirme une fois de plus son statut d’acteur majeur avec un drôle de personnage, déconnecté, souvent défoncé puis plongé dans l'action. Enfin, Benicio Del Toro s’offre une apparition savoureuse, pleine de nonchalance et de charisme. Oui, UNE BATAILLE APRES L'AUTRE est aussi un film de performances. C'est une œuvre qui gronde, qui rit, qui aime, et qui ne laisse jamais indifférent. Elle fera débat, indiscutablement, et laissera probablement de nombreux spectateurs sur le bord de la route. Mais le 7ème art a besoin de films comme ça pour secouer l'opinion populaire et rappeler sa force.
NOTE INDICATIVE : 16 / 20
UNE BATAILLE APRES L'AUTRE est actuellement disponible dans les salles de cinéma.