Une date, une histoire : Quand Roger Donaldson a rendu fou Anthony Hopkins sur le tournage du BOUNTY
UNE DATE UNE HISTOIRE
Romain Jankowski
5/4/20253 min read


UNE DATE, UNE HISTOIRE est une rubrique au texte court, qui reviendra régulièrement sur une date clé du cinéma, se référant à un événement en particulier, une sortie de film, une polémique ou tout autre fait qui a eu lieu dans l’Histoire.
Nous sommes en 1983 sur le tournage du film LE BOUNTY.
Choisi par David Lean en 1978, Anthony Hopkins ne quitte pas la production du film LE BOUNTY lorsque sa réalisation revient à Roger Donaldson. Pour l’acteur, pas question d’abandonner à un autre un personnage aussi fort que la capitaine Bligh. « C’était un honneur pour moi que d’avoir été choisi pour le jouer » a-t-il déclaré. « Ce n’était pas un problème que Bligh ait déjà été incarné par d’autres car mon personnage se distinguait radicalement de celui des précédentes versions. Il était beaucoup plus réaliste, plus crédible, beaucoup moins hollywoodien.« .
Pour le réalisateur, Anthony Hopkins orchestre si bien sa transformation en autoritaire capitaine de frégate du 18ème siècle qu’il se serait identifié à lui. « Tony est devenu Bligh. Il intimidait tant certains de ses partenaires et les membres de l’équipe que ceux-ci évitaient de s’asseoir près de lui pendant les repas ». D’ailleurs, les relations entre les deux hommes se sont vite détériorés. Le tournage du BOUNTY est difficile et Donaldson n’hésite pas à pousser ses comédiens dans leurs retranchements. Le réalisateur a d’ailleurs reconnu qu’il était excessif dans sa direction d’acteurs. « J’étais très exigeant sur le plateau. Un jour, Tony et moi en sommes presque venus aux mains. La chaleur dépassait les 40°, le taux d’humidité atteignait à peu près les 100 % et il portait son uniforme de coton, redingote comprise, fermé jusqu’au plus haut bouton de col. Très inconfortable ; j’aurais dû en tenir davantage compte. ». Les relations sont très compliquées entre les deux hommes dont les discussions s’avèrent souvent vives. Hopkins reviendra sur ses rapports tendus avec Donaldson, reconnaissant une part de responsabilité. « C’était surtout de ma faute, bien qu’il y ait aussi mis du sien. Je voyais Roger comme quelqu’un d’arrogant. Sans doute n’avais-je pas conscience du poids qui pesait sur ses épaules, de la responsabilité écrasante de devoir réussir ce film. Rapidement, je me suis mis à raisonner de cette manière : ‘Bon, d’accord, tu veux me contrarier, eh bien je vais t’en donner aussi des problèmes !’. Alors, inévitablement, nous nous sommes accrochés à plusieurs occasions ».
Plus qu’une météo oppressante ou d’autres facteurs, une chose irrite Hopkins au plus haut point : refaire certains plans encore et encore alors qu’ils semblaient aboutis. Ce niveau de perfectionnisme de Donaldson a fortement agacé l’acteur. « Les journées n’en finissaient plus ! Quand je me replonge dans ce tournage, j’en ai des souvenirs assez désagréables. Pourtant, je reconnais que j’aurais dû davantage prendre conscience de l’énormité de cette production. C’était un film en gestation depuis tellement de temps que Roger avait peur de se tromper. Il voulait que tout soit parfait ». Donaldson n’aura pas les mêmes rapports avec Mel Gibson, dont la carrière est seulement en train de décoller. Le comédien aura d’ailleurs souvent l’esprit fêtard durant le tournage, certaines séquences nécessitant mêmes quelques arrangements. « J’ai d’ailleurs dû cadrer qu’un seul profil de son visage lors du tournage d’une scène importante » se remémore le cinéaste. LE BOUNTY est certes un grand film, mais ce fut une grande aventure !