Un pont trop loin, Redford et un casting de géants sur le front

HOMMAGE ROBERT REDFORD

Romain Jankowski

9/17/20253 min read

UN PONT TROP LOIN est ce genre de production typique de son époque, où l’on pouvait dépenser une fortune pour mettre en scène un film grandement spectaculaire.

Sur le front

Adapté du roman éponyme écrit par Cornelius Ryan, le long-métrage est réalisé par Richard Attenborough qui a démarré sa carrière de cinéaste huit ans auparavant avec AH ! DIEU QUE LA GUERRE EST JOLIE. Il change totalement d’envergure ici. En septembre 1944, les Forces Alliées en Europe sous le commandement du général Eisenhower essaient de trouver un moyen de finir la guerre au plus tôt, sachant que l’allongement des lignes de ravitaillement depuis la Normandie rend difficile la poursuite de l’avancée vers l’Allemagne. L’opération Market Garden, conçue par le général anglais Montgomery, tente un coup d’audace sans précédent : parachuter plusieurs divisions aéroportées britanniques et américaines derrière les lignes allemandes, afin de capturer plusieurs ponts stratégiques qui permettront aux troupes terrestres de franchir le Rhin et de pénétrer directement en Allemagne. L’attaque combinée des forces aéroportées (Market) et du XXXe corps blindé britannique (Garden) doit permettre de percer le front sur une profondeur de 100 km, et d’atteindre la ville d’Arnhem, aux Pays-Bas, située sur la rive du Rhin, derrière le troisième pont à prendre. L’opération doit permettre de finir la guerre avant Noël 1944. Mais Montgomery n’a-t-il pas visé un pont trop loin ?

Redford & Cie

D’un point de vue cinématographique, UN PONT TROP LOIN reste une superbe reconstitution. Il raconte ici un échec et c’est justement cet aspect qui donne une force supplémentaire au récit. Bien sûr, le plus frappant reste tout de même ce casting qui demeure l’un des plus beaux jamais réunis : Dirk Bogarde, James Caan, Michael Caine, Sean Connery, Edward Fox, Elliott Gould, Gene Hackman, Anthony Hopkins et Robert Redford ! Une réunion de talents époustouflante.

Au départ, la production désirait absolument une star du moment pour mettre en avant son film. À l’époque, si ce sont des grands noms aujourd’hui, aucun ne peut vraiment être considéré comme « star ». Steve McQueen est alors contacté, mais il refuse le rôle du major Julian Cook. Ce dernier reviendra alors à Robert Redford, au sommet de sa gloire après BUTCH CASSIDY ET LE KID, JEREMIAH JOHNSON, GATSBY LE MAGNIFIQUE, LES TROIS JOURS DU CONDOR et surtout LES HOMMES DU PRÉSIDENT, qui l’a confirmé comme l’un des visages les plus influents d’Hollywood.

Dans UN PONT TROP LOIN, Redford incarne Julian Cook, un major américain qui s’illustre lors de la traversée héroïque de la rivière Waal sous un feu nourri ennemi. Bien que son temps de présence à l’écran soit relativement court, l’intensité dramatique de cette séquence en fait l’un des moments les plus mémorables du film. C’est un rôle qui, à bien des égards, capitalise sur l’image que Redford s’est forgée à l’époque : celle d’un acteur charismatique, courageux et porteur d’un idéal héroïque.

On lui offre 1 million de dollars pour sa participation, un cachet record qui témoigne de son statut unique à la fin des années 70. Ce traitement de faveur provoque d’ailleurs la colère de Sean Connery, qui ne touche « que » 250 000 dollars. Après de longues négociations, l’acteur écossais obtiendra néanmoins une revalorisation. Pour l’anecdote, Robert De Niro fut également pressenti, mais il refusa afin de tourner chez son ami Martin Scorsese dans TAXI DRIVER — pour un salaire pourtant bien inférieur à celui de Redford !

UN PONT TROP LOIN est toutefois un petit succès lors de sa sortie. Malgré les talents réunis et les moyens mis en place, il semblerait que le film de guerre ne fasse plus autant d’effet. En effet, les recettes déclinent progressivement tandis que le monde change à son tour.