The Master, duel énigmatique entre Phoenix et Hoffman
PAUL THOMAS ANDERSON
Romain Jankowski
9/22/20252 min read


Sorti en 2012, THE MASTER s’impose comme l’un des films les plus mystérieux et fascinants de Paul Thomas Anderson. Après le choc THERE WILL BE BLOOD, le cinéaste californien signe une fresque intime et troublante sur la dépendance, l’autorité et la quête de sens.
Phoenix vs Hoffman : duel d’acteurs au sommet
Dans le rôle de Freddie Quell, vétéran de guerre brisé, Joaquin Phoenix livre une performance hallucinée : gestes saccadés, regard perdu, corps tordu par la douleur. Face à lui, Philip Seymour Hoffman incarne Lancaster Dodd, maître charismatique d’un mouvement spirituel rappelant la scientologie. Entre eux, une relation de fascination et de rejet, d’attraction et de répulsion, qui électrise chaque scène. Et dans l’ombre, Amy Adams, glaçante en épouse stratège, renforce l’ambiguïté du couple.
THE MASTER n’est pas un biopic ni un pamphlet. C’est une radiographie des rapports de pouvoir. Comment un homme brisé se laisse séduire par une autorité qui prétend guérir son mal intérieur ? Comment un leader nourrit son aura en attirant les âmes perdues ? Paul Thomas Anderson observe sans juger, laissant le spectateur suffoquer dans ce huis clos à ciel ouvert.
Une mise en scène hypnotique
Tourné en 65 mm, le film impressionne par ses images d’une clarté rare : visages sculptés par la lumière, horizons marins infinis, cadres qui enferment ou libèrent. La musique de Jonny Greenwood, tour à tour discordante et envoûtante, renforce l’instabilité émotionnelle des personnages. Chaque plan semble tendre un piège au spectateur, comme un rituel auquel on se laisse prendre. Toutefois, l'oeuvre n'est pas toujours limpide et il faut plonger dans cet univers particulier pour l'apprécier pleinement. C'est la force et la limite du cinéma de PTA qui s'avère parfois un poil élitiste. Acclamé par la critique, multi-nommé aux Oscars, THE MASTER a logiquement dérouté le grand public. Lent, elliptique, exigeant, il refuse les réponses faciles.
Sans surprise, le film fera un flop dans les salles avec seulement 28 millions de dollars de recettes pour 33 millions de budget. Treize ans plus tard, THE MASTER ne semble pas avoir obtenu de seconde vie contrairement à d'autres métrages du cinéaste.