The Boy in Blue, quand Nicolas Cage sort les rames
HISTOIRE DU CINÉMA
Romain Jankowski
4/8/20252 min read


L'aviron a, paraît-il, eu deux trajectoires au cinéma : avant et après la guerre. Cette double facette représente certainement l'évolution de ce sport, populaire au début du siècle puis devenant de plus en plus élitiste au fil des décennies. En effet, il a ensuite été davantage réservé aux courses entre universités, comme celle d'Oxford et Cambridge. En d'autres termes, il est loin le temps où des familles entières venaient pique-niquer sur les bords de la Marne ou de la Meuse pour regarder des équipes de rameurs s'affronter !
Un sport difficile à filmer
C'est que ce sport est aussi difficile à retranscrire visuellement. La souffrance des corps est moins évidente que chez le coureur, le boxeur ou l'alpiniste. Sebastien Vieilledent, champion olympique en deux de couple à Athènes aux jeux olympiques de 2004, tentait d'analyser cette difficulté en interview. "L'erreur souvent faite par les cinéastes est de représenter cet effort par un déploiement de force, alors que c'est avant tout un sport de glisse. C'est difficile de jauger, il y a donc peu de films réalistes sur la pratique sportive". Quelques films ont été réalisés avant THE BOY IN BLUE, comme CHAMPIONS DE FRANCE de Willy Rozier en 1938, témoignage historique des courses de l'époque. Mais celui qui reste comme le plus emblématique de ce sport est bien THE BOY IN BLUE de Charles Jarrot. Alors au début de sa carrière, Nicolas Cage incarnait Ned Hanlan, un contrebandier, champions sur petite barque qui devint, par la suite, un des meilleurs rameurs du monde du XIXème siècle.
Nicolas Cage en action
En plaçant le film dans un contexte historique précis (le début de l'ère moderne et la création du siège à coulisse), Jarrot retranscrit bien l'engouement de ce sport autrefois. Autre fait important, Ned Hanlan est le premier rameur à utiliser un siège mobile, permettant ainsi d'augmenter l'amplitude du coup d'aviron et d'utiliser la poussée des jambes. Il fut aussi et surtout le premier grand champion nord-américain d'aviron à remporter plus de 200 courses nationales et internationales d'affilée. Cage, qui avait alors pris quelques kilos de muscles, l'incarne avec un certain bagout. Il est le jeune pousse qui monte durant ces 80s, ayant notamment joué chez Coppola (RUSTY JAMES et COTTON CLUB) - dont il est le neveu, rappelons-le - et Parker (pour BIRDY). Il incarne ici son premier rôle principal avec une belle énergie tandis que le film fait aussi la part belle à la romance, mettant en place une relation amoureuse de deux classes sociales qui s'opposent. Comme ce sport qui va changer au fil du temps.
THE BOY IN BLUE est à l'aviron ce que ROCKY fut à la boxe : un film référence. Certes, les passionnés d'aviron sont beaucoup moins nombreux, ce qui laisse le long-métrage de Jarrot dans un certain anonymat. Vieilledent ne tarit d'ailleurs pas d'éloges sur cette oeuvre. "Le meilleur film sur l'aviron, pour moi, c'est LA RACE DES CHAMPIONS ! Il m'a appris l'histoire de mon sport. C'est l'entrée de l'aviron dans l'ère moderne et sa réalisation reste toujours aussi impressionnante et précise". En somme, THE BOY IN BLUE reste une belle porte d'entrée pour qui désire s'ouvrir un peu au coup de pelle.