The Blue Brothers, l’histoire d’un film culte signé John Landis
HISTOIRE DU CINÉMA
Romain Jankowski
11/7/20252 min read


Deux ans après AMERICAN COLLEGE et un an avant LE LOUP-GAROU DE LONDRES, John Landis mettait en scène une comédie qui allait devenir culte : THE BLUE BROTHERS.
Deux hommes en mission
Les frères « Joliet » Jake et Elwood Blues sont deux délinquants stoïques, imperturbables, flegmatiques et drôles, reconnaissables à leur look caractéristique composé d’un chapeau, d’un costume, de lunettes noires et de chaussettes blanches. Ils se retrouvent lorsque Jake, incarcéré pour vol à main armée, est libéré de la prison de Joliet dans l’Illinois sous la responsabilité d’Elwood. Ils apprennent alors que l’orphelinat catholique où ils ont été élevés est surendetté et va être rasé. La seule solution est de payer les arriérés de taxes foncières au bureau administratif des impôts de Chicago dans un délai de onze jours. Les deux frères vont alors partir en « mission pour le Seigneur ».
Un film culte
À sa sortie, THE BLUES BROTHERS est un immense succès commercial et demeure aujourd’hui l’un des films les plus emblématiques de l’année 1980. Véritable phénomène culturel, il transcende le simple statut de comédie musicale pour devenir une œuvre culte mêlant humour, énergie rock et satire sociale. C’est avant tout une déclaration d’amour sincère et déjantée à la culture populaire américaine, à la musique noire et à la ville de Chicago (Illinois), véritable personnage à part entière du récit. C’est d’ailleurs dans ses rues, ses ponts et ses quartiers industriels que se déploie l’action frénétique du film, en hommage à la ville d’origine des frères Blues, mais aussi de John Belushi, qui y fit ses débuts de comique sur la scène locale avant de rejoindre le Saturday Night Live.
John Landis, ancien cascadeur passé par Cinecittà, y déploie un savoir-faire de metteur en scène spectaculaire, conjuguant sens du burlesque et références cinéphiliques (la présence savoureuse de Charles Napier et Kathleen Freeman en témoigne). Malgré un budget considérable pour l’époque — 27 millions de dollars —, le cinéaste conserve une identité visuelle et un ton très personnels : ses scènes d’action, tournées à grande échelle, demeurent impressionnantes, notamment la mythique course-poursuite finale, qui se conclut par la destruction d’un nombre record de voitures de police.
Le ton irrévérencieux du film participe aussi de sa force : les frères Blues incarnent à la fois l’esprit d’insoumission du rock et du blues, et une forme de rébellion naïve contre l’ordre établi. Ce sont des anti-héros au grand cœur, animés par une mission absurde mais sacrée — “en mission pour le Seigneur” — et profondément déconnectés du monde moderne, de la société de consommation et de ses codes. À travers cette fantaisie exubérante, Landis dresse un portrait à la fois critique et affectueux de l’Amérique contemporaine, où la musique devient le dernier refuge d’une liberté menacée. Par sa folie assumée, sa virtuosité et son ironie mordante, THE BLUES BROTHERS s’impose ainsi comme l’un des longs-métrages les plus marquants et influents des années 80, autant célébré pour son sens du spectacle que pour son esprit frondeur et intemporel.
