Simetierre, quand Mary Lambert porte Stephen King avec brio à l’écran
DOSSIERS
Romain Jankowski
3/31/20252 min read


Le film SIMETIERRE est un peu particulier. En effet, Stephen King adapte ici pour la première fois l’un de ses romans avec une main mise sur la production et le choix du cinéaste. Échaudé par quelques transpositions qu’il n’aimait guère (comme SHINING), l’auteur décide alors de confier le projet à une réalisatrice inconnue, Mary Lambert, qui n’avait mis en scène qu’un seul long-métrage confidentiel et peu estimé, SIESTA.
Une vision
En 1984, King avait déjà vendu les droit de son roman et le grand George A.Romero devait s’occuper de
l’adaptation. Mais les producteurs n’aiment pas la vision noire du roman et le réalisateur de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS quittera le projet. Ce n’est qu’en 1988, suite à une grève de grande ampleur, que la Paramount décide de sortir SIMETIERRE du placard. Sachant pertinemment que les sorties manqueront, les pontes du studio décident de contacter King pour mettre rapidement le film en selle.
L’équipe prend place dans le Maine, une exigence de Stephen King. Ce dernier impose également qu’on suive son scénario à la lettre, ce que Mary Lambert exécutera avec patience. Après tout, elle a également mis en scène quelques clips de Madonna, donc elle sait travailler pour une vedette. Surtout, Lambert respecte énormément l’oeuvre de King et impressionne ce dernier par sa connaissance de l’univers du King. Une atmosphère se dégage alors, la même qui imprégnera le film. Le Maine possède une atmosphère parfaitement cinématographique et Lambert s’en empare pour transposer à la perfection le style de l’auteur. Comme cette impression que le film est la retranscription précise des mots couchés sur papier.
L’extraordinaire dans la banalité
Bien sûr, le tournage ne fut pas de tout repos, notamment en ce qui concerne le tournage avec les chats qui sont très difficiles à dompter. Au total, plus de neufs animaux furent utilisés, certaines prises s’éternisant au grand dam de la réalisatrice. Il était difficile de faire autrement à l’époque et cela ajoute encore un peu plus au réalisme de l’ensemble. D’ailleurs, la sobriété de Lambert derrière la caméra est exemplaire, sa caméra rendant parfaitement le caractère glaçant du film. Le fait d’avoir choisi des
comédiens inconnus renforcent également cet aspect réaliste et nous connecte directement aux personnages qui nous ressemblent. SIMETIERRE plonge dans la banalité, là où de nombreux films auraient joué l’esbroufe (comme le fera d’ailleurs la nouvelle version de 2019). Le drame est exposé de manière frontale, la mort y est présente partout, hantant les protagonistes et chaque plan.
Il n’y a rien d’étonnant au fait que cette adaptation est toujours aussi appréciée aujourd’hui. On y parle de névroses familiales, de culpabilité et de deuil. Plus que l’horreur (elle aussi réussie au passage), ce sont ces thèmes qui connectent les spectateurs au film. La PARAMOUNT va d’ailleurs se frotter les mains en voyant les recettes décoller : produit pour 11 millions de dollars, il en rapportera plus de 80 millions dans le monde. Après ça, et de manière incompréhensible, on ne verra plus Mary Lambert sur le devant de l’affiche. À noter toutefois qu’elle réalisera SIMETIERRE 2 en 1992 avec le jeune Edward Furlong (TERMINATOR 2) au casting. Mais le succès ne sera pas au rendez-vous…