Revolution, le film maudit de Hugh Hudson
DOSSIERS
Romain Jankowski
6/25/20252 min read


REVOLUTION fait partie de ces films un peu maudits qui avaient tout pour marquer leur époque, mais qui ont finalement été des naufrages ayant engloutis les millions de dollars investis. Ce qui n’en fait pas pour autant de mauvais films.
Le petit prodige
Pour le réalisateur Hugh Hudson, il y aura un avant et un après 1985, année de sortie de REVOLUTION. Issu de la publicité comme un certain Ridley Scott avant lui, le britannique va rapidement connaître la gloire avec LES CHARIOTS DE FEU en 1981, carton public et critique (avec 4 oscars à la clé dont celui du meilleur film). S’ensuit une confiance aveugle de la part de la Warner Bros qui le met sur un gros coup : la massive production GREYSTOKE au budget de 30 millions de dollars (l’équivalent de 90 millions aujourd’hui). Nouveau succès. Hudson se penche alors sur la naissance de l’Amérique à travers le destin d’un certain Tom Dobb, trappeur plongé malgré lui dans le tourbillon de la Guerre d’Indépendance.
Les moyens de ses ambitions
Pour se faire, le cinéaste a les coudées franches et obtient un budget de 28 millions de dollars. Il voit REVOLUTION comme son hommage à un cinéaste qu’il admire, David Lean. Les ambitions sont grandes avec un casting de choc : Al Pacino en tête d’affiche, aux côtés de Donald Sutherland, Joan Plowright et Dave King. Le projet se monte conjointement entre la maison de production anglaise GOLDCREST et le studio américain, la WARNER, et Hudson peut commencer à travailler sereinement. L’attente enfle dans les médias et la production reçoit énormément de sollicitations. REVOLUTION sera forcément un événement.
Devant cet engouement, les boss de la Warner se disent que viser les Oscars est envisageable. Ainsi, ils avancent la sortie du film de plusieurs mois pour la caler au 25 décembre 1985 (dernière date pour possible pour une qualification aux récompenses). Hudson est alors condamné à supprimer de nombreuses séquences et revoir son montage. À vrai dire, il est la victime d’un télescopage de sorties et le studio mise également sur une autre production de prestige, MISSION de Roland Joffé. Le bad buzz est lancé, certains murmurant que REVOLUTION était si mauvais que le montage devait être entièrement revu. Le regretté cinéaste dira. « C’est le film dont je suis le plus fier. Mais je ne peux m’empêcher de ressentir de la frustration. Il a été tronqué par le studio qui a insisté pour le sortir avant le calendrier prévu alors que nous ne l’avions même pas fini ! ».
La chute
REVOLUTION sera un désastre ne récoltant que 2 petits millions de dollars au box-office mondial ! La critique américaine détruit le long-métrage qui pointe du doigt un manque de clairvoyance dans les choix du cinéaste. À vrai dire, les films sur l’Histoire américaine n’a pas toujours bonne presse au pays… Quarante ans après, REVOLUTION n’a jamais réellement connu de réhabilitation : pas de ressortie ni de réédition Blu-ray (uniquement en import dans une qualité discutable). Lorsque son auteur est décédé, tout le monde a parlé des CHARIOTS DE FEU et GREYSTOKE, mais très peu de son troisième film. Après cet échec, il mettra en scène LE CARREFOUR DES INNOCENTS en retrouvant Donald Sutherland puis des films de seconde zone des années plus tard avec MY LIFE SO FAR et JE REVAIS DE L’AFRIQUE.