Réveil dans la terreur, le film sauvage de Ted Kotcheff
DOSSIERS
Romain Jankowski
4/24/20252 min read


Le réalisateur Ted Kotcheff nous a quittés il y a quelques jours et son oeuvre est souvent résumé à RAMBO, film, il est vrai, emblématique. Pourtant, il aura mis en scène quelques longs-métrages très puissants auparavant dont ce REVEIL DANS LA TERREUR qui dérange autant qu'il fascine.
L'odeur du souffre
Le film suit John Grant (Gary Bond), un jeune instituteur coincé dans une ville isolée du bush australien, Tiboonda. Alors qu’il tente de rejoindre Sydney pour les vacances de Noël, il fait escale à Bundanyabba – surnommée "The Yabba" – une ville minière écrasée par la chaleur et peuplée de personnages étranges et exubérants. Ce qui devait être une simple halte devient une spirale infernale : entre jeux d’argent, alcool à outrance, chasse au kangourou et violences latentes, John perd peu à peu pied. Derrière la chaleur étouffante et les sourires des habitants se cachent des instincts plus sombres.
REVEIL DANS LA TERREUR n’est pas un simple thriller : c’est une critique frontale de la virilité toxique, de la brutalité de l’isolement, et de la culture australienne de l’époque. À travers son personnage principal, le film explore la fragilité psychologique de l’homme civilisé confronté à la sauvagerie et à l’absurdité d’un environnement qu’il ne comprend pas. La scène la plus choquante – une chasse au kangourou filmée de manière quasi-documentaire – a souvent été au cœur des débats. D’ailleurs, le film a failli être censuré à cause de son réalisme extrême.
Une oeuvre forte
C'est une plongée brutale dans l'âme humaine et les désertas brûlants de l'outback australien. REVEIL DANS LA TERREUR est porté par un acteur qui n'aura que trois films à son actif : Gary Bond. Au départ, Kotcheff désirait engager Michael York avant de s'orienter vers Bond après son audition. Ce dernier fut avant tout un acteur de théâtre et avait joué dans deux autres longs-métrages, ZOULOU et ANNE DES MILLE JOURS. Dans le film de Kotcheff, il partage l'affiche avec un habitué du grand écran : Donald Pleasance. Sa présence magnétique et inquiétante offre à son personnage de Doc un contrepoint idéal à Grant. Il impulse à cet homme cultivé et intelligent une redoutable ambiguïté, entre sauvagerie et sidération, entraînant peu à peu Grant dans les abîmes.
REVEIL DANS LA TERREUR fut longtemps introuvable. Après sa présentation au festival de Cannes en 1971 puis sa sortie en France douze ans plus tard, il fut porté disparu avant que des négatifs soient retrouvés en 2002. C'est ensuite sa restauration impulsée par Martin Scorsese en 2009 qui permis au film de gagner en notoriété. C'est une oeuvre à (re)découvrir.