La trilogie Arthur, la saga familiale de Besson
Rétrospective sur la filmographie de Luc Besson
RÉTRO LUC BESSON
Romain Jankowski
7/29/20253 min read


En 2006, Luc Besson change radicalement de registre. Après avoir jonglé entre science-fiction, thriller et conte sentimental, il s’attaque à un projet de longue haleine et plutôt inattendu : un film d’animation destiné au jeune public, ARTHUR ET LES MINIMOYS, librement adapté de ses propres romans jeunesse, co-écrits avec Céline Garcia.
Un projet personnel, une ambition mondiale
Produit par EuropaCorp avec un budget colossal avoisinant les 65 millions d’euros, le premier volet se voulait une référence française dans l’animation numérique, mêlant prises de vues réelles et images de synthèse. Besson y investit tout : son nom, son énergie, son studio. Il va même jusqu’à construire des décors entiers dans les studios d’Île-de-France tout en mobilisant des équipes internationales. Le cinéaste voit une fois de plus les choses en grand et c'est bien une qualité qu'on ne pourra jamais lui enlever. Même si celle-ci lui fera perdre quelques peu la tête des années plus tard...
Côté casting, s'y mêlent Freddie Highmore (dans le rôle d’Arthur), Mia Farrow, et les voix françaises de Mylène Farmer, Rohff, Marc Lavoine ou encore Jean-Paul Rouve. L’ambition est claire : créer une saga à l’américaine, capable de séduire autant les enfants que les parents, en France comme à l’étranger.
Une réception en demi-teinte
Le premier volet, sorti en décembre 2006, rencontre un franc succès dans l'Hexagone avec plus de 6 millions de tickets vendus. Parfaitement adapté à la période de Noël, ARTHUR ET LES MINIMOYS écoule de nombreux jouets et les livres sont propulsés en tête des ventes. Les critiques, elles, sont mitigées. Si le film séduit certains enfants, le ton hésitant – entre conte merveilleux et humour adulte – déroute. Besson assume son ton décalé et ses références plus sombres qu’il n’y paraît, mais cela divise clairement le public. Ce qui aura un impact sur les suites.
Trois ans plus tard, sort donc ARTHUR ET LA VENGEANCE DE MALTAZARD, durant la même période. Ce deuxième opus, charnière, va augmenter la frustration des spectateurs et pour cause : la narration lente et peu passionnante s'achève au moment où elle prend son envol ! Un cliffhanger malvenu qui fait grincer des dents. Résultat, la déception est globale même si le film parvient à attirer 3,9 millions de spectateurs. ARTHUR ET LA GUERRE DES DEUX MONDES achève donc cette histoire un an après avec des entrées qui chutent encore (3,1 millions de tickets vendus). Toutefois, l'action est au rendez-vous et cette conclusion adoucit quelque peu le public, même si l'histoire a tendance à partir dans tous les sens.
Une trilogie en quête de reconnaissance
Malgré un univers riche, des designs ambitieux et une vraie volonté d’émanciper l’animation française, la trilogie ARTHUR reste aujourd’hui un projet clivant dans la filmographie de Besson. Son échec relatif à l’étranger, et la réception très tiède des suites, ont entamé l’image de cette fresque miniature. Néanmoins, même si les recettes mondiales sont peu réjouissantes (à peine 200 millions de dollars pour la trilogie, loin des ambitions initiales), Besson est toujours populaire dans son pays (13,4 millions d'entrées au total), ce qui n'est pas rien. L’empreinte laissée par ARTHUR réside surtout dans sa tentative de démontrer que l’animation française pouvait s’imposer dans la cour des grands. EuropaCorp avait même envisagé d'en faire une franchise multimédia (jeux vidéo, produits dérivés, parc à thème). Si cela n'a que partiellement abouti, elle a ouvert la voie à d’autres projets hybrides et a renforcé le savoir-faire français dans le domaine de l’animation 3D.