Psychose 2, une suite digne du chef-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock ?
ANALYSES
Romain Jankowski
11/13/20252 min read


Quand PSYCHOSE 2 sort en 1983, plus de vingt ans après le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, la surprise est totale. Personne n’attendait vraiment une suite à ce monument du cinéma d’horreur, encore moins une qui oserait remettre en scène Norman Bates. Et pourtant, contre toute attente, cette séquelle sera une réussite — discrète, subtile, et profondément troublante.
Un pari impossible ?
Reprendre l’histoire du plus célèbre tueur schizophrène du cinéma semblait voué à l’échec. Comment prolonger un film aussi parfait que PSYCHOSE sans tomber dans la copie ou la trahison ?
Le réalisateur Richard Franklin, ancien élève et grand admirateur d’Hitchcock, s’y risque pourtant avec une approche audacieuse : plutôt que de rejouer les frissons du premier film, il choisit le doute et l’ambiguïté psychologique.
Le film reprend vingt-deux ans après les meurtres du Bates Motel. Norman Bates (Anthony Perkins, magistral) est libéré d’un hôpital psychiatrique, déclaré guéri. Il tente de reconstruire sa vie, de réintégrer la société, et même de reprendre la gestion du motel familial. Mais les fantômes du passé ne tardent pas à ressurgir : messages signés “Mère”, voix dans la maison, meurtres mystérieux… Norman serait-il retombé dans la folie, ou quelqu’un cherche-t-il à le faire replonger ? Ce jeu constant entre culpabilité, manipulation et perception de la réalité donne au film une tension sourde, presque tragique. Perkins, tout en fragilité, offre une prestation bouleversante, rendant Norman à la fois inquiétant et terriblement humain. Une chance puisque Perkins n'était, au départ, pas partant pour jouer dans une suite. Christopher Walken fut envisagé pour le remplacer avant que Perkins ne revienne sur sa décision.
Entre respect et modernité
Le film ne cherche jamais à imiter Hitchcock ; il prolonge son héritage avec respect. La mise en scène de Franklin, précise et atmosphérique, recrée l’univers du Bates Motel tout en y injectant une sensibilité des années 80. D'ailleurs, l'ensemble de maison d'origine a été utilisé et le Bates Motel a été complètement reconstruit. Une prouesse. Le scénario, signé Tom Holland (futur réalisateur de JEU D'ENFANT), mêle suspense, drame psychologique et twist final d’une efficacité redoutable. Le film surprend aussi par son ton mélancolique. L’horreur laisse place à une forme de compassion : ce n’est pas seulement l’histoire d’un tueur, mais celle d’un homme brisé qui cherche la paix dans un monde qui refuse de lui pardonner. Le récit est d'ailleurs bien différent du roman éponyme publié par Robert Bloch où Norman s'échappe de l'établissement psychiatrique pour se rendre à Hollywood...
Une suite injustement sous-estimée
À sa sortie, le film fut accueilli avec scepticisme — beaucoup criaient au blasphème face à l’idée même de toucher au mythe d’Hitchcock (on peut le comprendre). Pourtant, avec le temps, PSYCHOSE 2 a gagné ses lettres de noblesse.
Son élégance, son scénario tordu mais cohérent, et la performance poignante d’Anthony Perkins en font aujourd’hui l’une des suites les plus intelligentes et émouvantes du cinéma d’horreur. Suivront par la suite PSYCHOSE 3 et PSYCHOSE 4, deux autres opus bien moins mémorables.
