Princess Bride, le conte moderne de Rob Reiner
ROB REINER
Romain Jankowski
12/17/20252 min read


En 1987, Rob Reiner réalise The Princess Bride (Princess Bride en version française), un film inclassable, à la croisée du conte de fées, de la comédie romantique et de l’aventure parodique. À sa sortie, le long métrage connaît un succès modeste. Le temps lui donnera raison.
Adapté du roman de William Goldman — qui signe également le scénario — Princess Bride raconte l’histoire de Bouton d’Or, jeune femme promise à un prince cruel, et de Westley, valet devenu héros, prêt à traverser mers et montagnes pour la retrouver. Une trame classique, volontairement assumée, que Reiner détourne avec intelligence, humour et tendresse.
Le triomphe de la sincérité
Là où Princess Bride se distingue, c’est dans son refus du cynisme. À une époque où l’ironie domine déjà une partie du cinéma hollywoodien, Rob Reiner choisit la frontalité émotionnelle. Le film croit en l’amour, en l’amitié, en l’honneur — sans jamais sombrer dans la mièvrerie. L’humour, omniprésent, agit comme un contrepoint, jamais comme une moquerie.
Cette sincérité se retrouve dans des dialogues souvent drôles et dans une galerie de personnages secondaires mémorables : Inigo Montoya et sa quête de vengeance tragique, Vizzini et son génie autoproclamé, Fezzik, géant au cœur d’or. Le casting est à l'avenant : Peter Falk en narrateur / grand-père, Cary Elwes, Robin Wright, Peter Cook, André the giant. Une galerie qui donne corps à ce récit malicieux avec une mention spéciale au redoutable Billy Cristal, énorme en Max le Miracle. Pour l'anecdote, Rob Reiner était obligé de quitter le plateau lors des prises avec l'acteur, tellement celui-ci le faisait rire. Il renouvellera l'expérience avec l'inoubliable Quand Harry rencontre Sally.
Une mise en scène élégante
Rob Reiner signe ici l’une de ses mises en scène les plus discrètes, au sens noble du terme. Aucun effet tape-à-l’œil, aucun excès formel : la caméra sert l’histoire, les acteurs et le rythme du récit. Le film avance avec une fluidité rare, alternant scènes d’action, dialogues ciselés et moments de pure émotion. Ce classicisme assumé est l’une des grandes forces du film. Reiner ne cherche jamais à moderniser artificiellement le conte. Il en respecte les codes tout en les revitalisant par l’intelligence de l’écriture et la justesse du ton. On sent toute l'implication émotionnelle du cinéaste ici qui adaptait son roman préféré. C'est d'ailleurs lui qui a dû convaincre Goldman qu'il était l'homme de la situation pour la transposition cinématographique de son oeuvre. Malgré ses réticences initiales, il accepta tout de même. Sans le regretter.
Un film à (re)voir
Échec relatif au box-office à sa sortie, Princess Bride a trouvé sa véritable vie ailleurs : à la télévision, en VHS, en DVD, puis sur les plateformes. Il est devenu un film de transmission, souvent découvert enfant, redécouvert adulte, et aimé différemment à chaque vision. C’est peut-être là son plus grand accomplissement : celui d’un film qui grandit avec son spectateur, révélant tour à tour sa comédie, sa romance, sa mélancolie et son humanité. Le phénomène est peut-être moins présent en France où Princess Bride n'a jamais eu l'aura qu'il possède Outre-Atlantique. C'est donc une oeuvre à (re)découvrir, située entre Stand By me et Quand Harry rencontre Sally dans la filmographie du cinéaste.
