Malavita, quand Besson se met au film de gangsters

Rétrospective sur la filmographie de Luc Besson

RÉTRO LUC BESSON

Romain Jankowski

7/30/20252 min read

En 2013, Luc Besson délaisse les mondes imaginaires pour revenir à un cinéma plus ancré, plus grinçant aussi, avec MALAVITA un polar noir aux accents de comédie (ou l'inverse). Adapté du roman du même nom écrit par Tonino Benacquista, le film raconte l’histoire d’un ex-parrain de la mafia américaine planqué en Normandie sous protection du FBI. Un pitch improbable ? C’est justement là tout le sel du projet.

Gros casting

À la tête du film, Robert De Niro. Celui qui a érigé le rôle du mafieux en rang de légende à l'écran, incarne ici Giovanni Manzoni, alias Fred Blake, mafieux repenti – ou presque. À ses côtés, Michelle Pfeiffer et Tommy Lee Jones, rien que ça. Un casting haut de gamme donc, avec rien de moins que Martin Scorsese à la production ! Sur le papier, MALAVITA était un projet assez excitant.

Toutefois, Luc Besson ne cherche pas à signer un film de mafia classique, mais plutôt à tordre les clichés du genre. L’une des scènes les plus mémorables (et discutables) reste celle où le personnage de De Niro assiste à une projection du film LES AFFRANCHIS... dans un petit cinéma normand, devant un public rural. Un hommage méta étrange, mais qui reste assez cocasse. Malheureusement, il est souvent difficile de suivre une intrigue fortement décousue et un humour qui tombe souvent à plat.

Un film qui part dans tous les sens

Le ton du film est volontairement hybride. On y trouve des scènes de règlements de comptes violentes, des punchlines cinglantes, des passages tendres entre les membres de la famille, et des moments absurdes (comme la colère explosive de Michelle Pfeiffer dans un supermarché français). MALAVITA dépeint une Amérique mafieuse exilée dans un décor paisible, mais dont les démons finissent toujours par refaire surface. Luc Besson, qui signe lui-même l’adaptation, semble s’amuser de ce choc des cultures : l’Amérique violente débarque en France rurale, et rien ne se passe comme prévu. Le réalisateur mêle satire sociale, burlesque et western moderne. Il ne cherche pas la subtilité, mais plutôt l’efficacité. Le long-métrage oscille constamment entre hommage, parodie et excès de violence dans un déséquilibre narratif qui ressemble indéniablement à son auteur. Ce qui n'est pas forcément un compliment...

À sa sortie, le film est accueilli de façon tiède, voire froide, par la critique. Beaucoup ont reproché à Besson un mélange des genres mal maîtrisé : ni tout à fait comédie, ni totalement film de gangsters, MALAVITA semble hésiter en permanence entre l’ironie et la nostalgie d’un cinéma mafieux à l’ancienne. Un constat qui peine donc à convaincre le public même si le film entrera dans ses frais : produit pour 35 millions de dollars, il en remportera près de 80 millions. En France, il frôlera le million d'entrées, ce qui en fera l'un des plus petits scores de sa carrière.

D'ailleurs, MALAVITA reste une oeuvre un peu oubliée dans sa filmographie, à l'instar de THE LADY. Coincée entre les univers fantaisistes (ARTHUR, ADELE BLANC-SEC) et son méga-carton LUCY, elle a également souffert de son manque de qualité globale malgré un casting haut de gamme.