Luke la main froide, un rebelle nommé Paul Newman
ANALYSES
Romain Jankowski
9/8/20252 min read


Le festival de Deauville a eu l'excellente idée de rendre hommage à Paul Newman et donc revoir LUKE LA MAIN FROIDE sur grand écran est une expérience tout à fait géniale. Elle nous rappelle que cet acteur était effectivement formidable et que ce chef-d'oeuvre de Stuart Rosenberg n'a pas pris une ride.
Newman au sommet
Sorti en 1967, LUKE LA MAIN FROIDE interroge le rapport à l'autorité, à la liberté et à la dignité humaine. Dès la première séquence où l'on voit ces prisonniers s'occupaient des routes en demandant régulièrement de petits privilèges aux matons (en les appelant obligatoirement "boss"), on y voit tout un cheminement moral, que ce soit au niveau des prisonniers ou des gardes. Ils attendent l'arrivée des nouveaux et dont un qui n'est pas comme les autres : Lucas Jackson, condamné à deux ans de travaux forcés après avoir vandalisé des parcmètres parce qu'il... s'ennuyait. Dès sa première apparition, le charisme de Newman transparaît à l'écran avec une flamboyante totale. Pas étonnant que 60 ans plus tard, sa figure de rebelle "cool" soit toujours un exemple.
Un symbole
Newman confère à son personnage une intensité mêlant charisme, ironie et une profonde mélancolie, façonnant une icône de l’anti-héros américain. Ce sourire, ravageur et provocateur, représente sa vision de la vie et de la société. Au-delà du récit carcéral, LUKE LA MAIN FROIDE prend des allures de parabole biblique. Luke, figure christique, endure les coups, résiste à l’humiliation et refuse de plier face à un système répressif incarné par le légendaire "Capitaine" et le gardien aux lunettes réfléchissantes. Sa capacité à défier l’autorité – qu’il s’agisse d’un pari insensé (avaler 50 œufs durs, pratiquement un climax dans le film) ou d’une tentative d’évasion vouée à l’échec – traduit un besoin viscéral de liberté et de transcendance. Le film résonne d'ailleurs fortement avec son époque. En pleine guerre du Vietnam et dans un climat de contestation sociale, Luke symbolise une jeunesse réfractaire aux règles établies, prête à affronter un système jugé oppressif. L’œuvre de Rosenberg dénonce ainsi l’arbitraire du pouvoir et met en lumière la solitude de l’individu face à une machine institutionnelle inflexible. Luke a donc indéniablement sa place à notre époque...
Une oeuvre inoubliable
Avec ses images marquantes, son casting magnifique (n'oublions pas l'excellent George Kennedy, tellement bon dans le rôle de Dragline) et la BO splendide signée Lalo Schiffrin, LUKE LA MAIN FROIDE reste une oeuvre puissante et une ode à la liberté et à la résistance intérieure. L'un des derniers plans montre d'ailleurs que Luke, même mal en point, ne se dépare jamais de son sourire, la seule arme qui lui reste avant de faire son dernier voyage...