Le temps d’un week-end, quand Al Pacino obtint l’Oscar du meilleur acteur

DOSSIERS

Romain Jankowski

7/25/20252 min read

Certains diront qu’on ne remporte pas forcément un oscar pour son meilleur film. Prenez Martin Scorsese, par exemple. Il aura fallu attendre 2007 et son remake LES INFILTRES pour qu’il obtienne la fameuse statuette. Il aurait, évidemment, dû le recevoir auparavant, mais c’est comme ça, c’est la règle des récompenses.

Une performance

Remake à l’origine modeste d’un film italien de Dino Risi (PARFUM DE FEMME, 1974), LE TEMPS D'UN WEEK-END se hisse à des hauteurs inattendues grâce à une combinaison rare : un acteur au sommet de sa puissance expressive, un réalisateur (Martin Brest) à l’écoute de son sujet, et une écriture ciselée qui préfère les silences aux démonstrations. Le film, souvent perçu à tort comme un mélodrame lacrymal, révèle au contraire une puissance contenue, bouleversante, et parfois même désabusée, qui tient d’un chant funèbre autant que d’un plaidoyer pour la dignité.

On y suit Charles (Chris O’Donnell), un étudiant aspirant à entrer à Harvard, qui accepte un petit boulot, celui de s’occuper d’une personne handicapée. Il est surtout chargé de s’occuper du retraité colonel Slade, devenu aveugle, mais qui est surtout un homme irascible et insociable. La rencontre de ces deux hommes que tout oppose repose sur le classique schéma dichotomique. Le rôle de Slade semble écrit pour permettre à Pacino de livrer un festival de jeu, et c’est exactement ce qu’il fait — mais avec une précision bien plus fine qu’il n’y paraît. Son regard vide, son sourire douloureux, sa voix qui module entre rugissements et tendresses, tout cela fait de son interprétation une leçon d’incarnation.

L'oublié Martin Brest

Le réalisateur Martin Brest pose une mise en scène assez sage, faisant confiance à ses acteurs pour incarner le scénario écrit. Mine de rien, il a réalisé quatre films de qualité, initiant notamment le phénomène LE FLIC DE BEVERLY HILLS avec Eddie Murphy, enchaînant par la suite avec MIDNIGHT RUN porté par Robert de Niro. Malheureusement, RENCONTRE AVEC JOE BLACK n’obtiendra pas le succès escompté. Il terminera sa carrière cinématographique avec AMOURS TROUBLES, une romance assez banale avec Ben Affleck et Jennifer Lopez. Sans aucun véritable éclat dans son cadre, il reste néanmoins focus sur les émotions et délivre quelques séquences assez magnifiques comme celle de la danse, restée dans les mémoires.

Al Pacino, de son côté, poursuivra sa formidable carrière avec les immenses L’IMPASSE et HEAT. Il aurait pu obtenir deux récompenses supplémentaires, au passage…