Le Survivant, Charlton Heston dans l’univers de Richard Matheson

HISTOIRE DU CINÉMA

Romain Jankowski

6/4/20252 min read

L’auteur Richard Matheson est l’un des fondateurs de la science-fiction américaine et l’un de ses chefs-d’oeuvre, JE SUIS UNE LEGENDE, reste son récit le plus copié, analysé, décortiqué. Relatant le destin tragique du dernier homme sur Terre, cette histoire a nourri le 7ème art à travers différents films. Dont trois adaptations littérales.

Un oubli majeur

Il y eut JE SUIS UNE LEGENDE en 1964 avec Vincent Price, puis LE SURVIVANT en 1971 avec la star Charlton Heston. Trente-six ans plus tard, Francis Lawrence modernisera le récit dans un épique Blockbuster avec Will Smith. Celui qui nous intéresse ici est donc le second, réalisé par Boris Sagal. Un projet initié par Heston lui-même qui lira le roman de Matheson au cours d’un trajet d’avion. Fasciné par l’histoire, il montera alors rapidement la production avant d’apprendre qu’une autre adaptation avait déjà été réalisée sept ans auparavant. L’acteur est une véritable vedette à l’époque, capable de porter n’importe quel projet tout en assurant un certain succès à celui-ci. Toutefois, il n’arrivera pas à convaincre le grand Orson Welles de le suivre pour adapter JE SUIS UNE LEGENDE.

Boris Sagal à la barre

LE SURVIVANT va s’éloigner assez grandement du roman, reprenant globalement les thèmes fondamentaux sans suivre à la lettre les différentes péripéties. Exit, par exemple, les vampires, ce qui ne plaira pas à tout le monde… Quoi qu’il en soit, il y a des plans assez impressionnants dans ce film, notamment ceux qui voient Charlton Heston déambuler dans un Los Angeles apocalyptique, dénué de toute civilisation. Des scènes qui ont bénéficié du budget imposant alloué à la production, la Warner Bros ne refusant rien à sa tête d’affiche. Si l’ensemble a aujourd’hui un peu vieilli, certaines images restent mémorables. Sagal, essentiellement connu pour ses différentes productions télévisuelles, opère ici à une échelle imposante, à tel point qu’il perdra plusieurs fois son sang-froid devant les nombreux défis qui se sont dressés face à lui et l’équipe. Le cinéaste connaître d’ailleurs un destin tragique lors du tournage de LA TROISIEME GUERRE MONDIALE, un téléfilm américain en deux parties. Il mourut durant le tournage, suite aux graves blessures infligées par le rotor de queue d’un hélicoptère. À seulement 57 ans…

Un geste fort

Série B de luxe, surfant sur la mode naissante des films catastrophe, mais aussi de la « blaxploitation » (l’idée d’un couple Blanc – Afro Américain était d’ailleurs une idée assez controversée à l’époque), LE SURVIVANT reste un must pour les amateurs de science-fiction. Certes, Heston est resté dans toutes les mémoires avec deux autres oeuvres du même genre (LA PLANETE DES SINGES et SOLEIL VERT) qui ont une valeur artistique bien supérieure au SURVIVANT, ce qui n’en fait pas un mauvais film pour autant. Il y eut d’ailleurs une certaine curiosité générale à redécouvrir ce film lors de la sortie de la version avec Will Smith. Quant à Richard Matheson, il déclara que cette adaptation était tellement différente de son livre qu’il n’éprouvait aucune animosité envers elle.