Le magnifique, Belmondo en drôle d'espion
HISTOIRE DU CINÉMA
Romain Jankowski
7/28/20252 min read


Avec LE MAGNIFIQUE, sorti en 1973, Philippe de Broca signe une comédie brillante et décalée qui joue avec les codes des romans d’espionnage, tout en offrant à Jean-Paul Belmondo l’un de ses rôles les plus jubilatoires. L'acteur est alors au sommet de sa popularité avec un enchaînement de cartons assez ébouriffant : BORSALINO en 1970 (4,7 millions d'entrées), LES MARIES DE L'AN II (2,8 millions), LE CASSE (4,4 millions) et DOCTEUR POPAUL (2,062 millions).
Saint-Clar, pour vous servir
Le film s’ouvre comme un James Bond survitaminé : explosions, poursuites, jolies femmes et espions sans scrupules. L’agent Bob Saint-Clar, toujours impeccable, triomphe de tout. Mais très vite, la vérité éclate : ce héros de roman n’est que la projection fantasmatique de François Merlin (Belmondo), un auteur de romans de gare un peu minable, vivant seul avec sa machine à écrire et rêvant d’aventures spectaculaires.
C’est dans cette dualité que réside tout le sel du film, qui joue sur le va-et-vient entre fiction et réalité, jusqu’à brouiller les frontières. Le monde de Bob Saint-Clar, clinquant et absurde, est l’exutoire d’un écrivain frustré, que la vie quotidienne assomme. Quand sa voisine (Jacqueline Bisset) devient à son tour personnage de roman, les identités s’emmêlent pour mieux moquer les archétypes.
Belmondo au top
Bébel est ici au sommet de sa forme : il cabotine, grimace, saute, enchaîne les numéros d’équilibriste. Sa composition entre le héros musclé et l’écrivain ringard est d’une précision comique redoutable. Il s’en donne à cœur joie, avec un sacré sens du rythme et de l’absurde. De son côté, Philippe de Broca, (qui avait déjà travaillé avec Belmondo sur CARTOUCHE et LES TRIBULATIONS D'UN CHINOIS EN CHINE), orchestre le tout avec une verve visuelle inimitable. La mise en scène est vive, colorée, inventive. L’esthétique kitsch des séquences de Bob Saint-Clar est assumée jusqu’au bout. Après tout, ce n'est pas parce qu'on touche à la comédie qu'on doit obligatoirement mettre l'ambition visuelle au second plan... Il peut également s'appuyer sur la musique de Claude Bolling, mélange de jazz léger et sautillant, accentuant le ton décalé de cette œuvre à part, devenue culte au fil des années. Si certains effets comiques ont un peu vieilli, il y a ici une forme de liberté artistique qu'on ne retrouvera plus beaucoup par la suite.
Un nouveau succès
Avec 2,8 millions d'entrées, LE MAGNIFIQUE fut un autre succès pour Bébel. Déjà immense vedette du cinéma français, le film de Philippe de Broca lui a permis de jongler entre son image d’action-man et une autodérision très appréciée du public. Les critiques ont été partagées à sa sortie, mais les années ont joué en sa faveur.