Le film de l’année : 1963
LE FILM DE L'ANNÉE
Romain Jankowski
8/8/20253 min read


LE FILM DE L’ANNÉE est une rubrique qui se concentre sur les événements cinématographiques marquants de l’année choisie. Place cette fois à l’année 1963.
Le Scandale de l’année : c’est la grève en France !
En 1963, il y eut la mémorable grève des mineurs dans l’Hexagone. Mais une autre a également secoué nos contrées : celle des producteurs de cinéma. Cette année-là, c’est un ras-le-bol général : la fréquentation a perdu 100 millions d’entrées (!) en cinq ans, le cinéma connaissant la concurrence terrible de la télévision qui vient d’émerger. On compte qu’un Français sur dix possède un téléviseur au début de la décennie. À la fin, ce sera 9 sur 10 !
L’Oscar du meilleur film : LAWRENCE D’ARABIE réalisé par David Lean
Rien ne résiste à l’épopée folle de David Lean. 10 nominations, 7 oscars dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure photographie (dans la catégorie couleur). Un véritable plébiscite pour ce chef-d’œuvre extrêmement coûteux qui a tout de même réussi à récolter trois fois sa mise de départ.
Le plus grand succès de l’année en France : LA GRANDE ÉVASION réalisé par John Sturges
La France l’avait découvert dans LES 7 MERCENAIRES deux ans plus tôt où Steve McQueen excellait dans la troupe de stars. Plus de 7 millions de personnes s’étaient déplacées. Deux ans plus tard, c’est le triomphe absolu pour l’acteur qui joue cette fois le premier rôle dans LA GRANDE ÉVASION qui totalise 8 756 631 entrées, ce qui restera le plus grand succès de toute sa carrière. Cette année-là, il bat la comédie LA CUISINE AU BEURRE (6 396 529 entrées) et LAWRENCE D’ARABIE (5 712 198 spectateurs réunis).
Le phénomène mondial de l’année : CLÉOPÂTRE réalisé par Joseph L. Mankiewicz
L’immense folie hollywoodienne de 1963 s’appelle CLÉOPÂTRE avec un budget gigantesque pour l’époque : 31 millions de dollars, soit l’équivalent de 302 millions aujourd’hui ! Elizabeth Taylor au casting et des articles de presse par dizaines. Un vrai blockbuster à l’ancienne, une vitrine pour le glamour du cinéma US qui bat tout le monde sur son passage avec des recettes s’élevant à 119 millions de dollars (soit l’équivalent aujourd’hui de 1,290 milliard). L’un des derniers grands films de studio alors qu’une nouvelle ère va bientôt s’ouvrir.
La star de l’année : Sean Connery
Personne ne le connaissait avant. Tout le monde le connaîtra après. Sean Connery est à la fois la révélation de l’année et la star avec les deux premiers opus de la saga JAMES BOND qui font un malheur dans les salles. Connery devient une icône, celle d’une certaine forme de virilité qui plaira autant aux hommes qu’aux femmes. C’est la naissance d’une star, mais aussi, et surtout, d’un grand acteur.
Le cinéma français entre tradition et renouveau
Si le public commence à bouder les salles, c’est aussi parce que le cinéma français se cherche. Pendant ce temps, Jean-Luc Godard continue de bouleverser les codes avec LE MÉPRIS, interprété par Brigitte Bardot et Michel Piccoli, l’un des sommets de la Nouvelle Vague. Le film est une réflexion sur le cinéma lui-même, mise en abyme subtile et tragique d’un art en pleine mutation. On sent que les certitudes vacillent, que l’audace prend doucement le pas sur les recettes classiques.
Le western en pleine mutation
1963 marque aussi une transition dans le western. Si Hollywood continue de produire des films traditionnels, c’est en Europe, et notamment en Italie, que le genre s’apprête à être réinventé. Sergio Leone tourne discrètement POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS, qui sortira l’année suivante et changera à jamais la face du western. Clint Eastwood est encore inconnu du grand public. Plus pour longtemps…
Un œil sur l’animation : Disney marque le pas
Du côté des films d’animation, l’année 1963 est marquée par la sortie de MERLIN L’ENCHANTEUR de Disney. Si le film ne connaît pas un immense succès critique à sa sortie, il n’en demeure pas moins un classique pour plusieurs générations de spectateurs. Il est aussi l’un des derniers projets supervisés directement par Walt Disney avant sa mort quelques années plus tard.