Le discours d'un roi, la voix royale de Colin Firth

DOSSIERS

Romain Jankowski

10/6/20252 min read

En 2010, Tom Hooper signait avec LE DISCOURS D'UN ROI une œuvre historique aussi intime que vibrante, portée par de sacrées performances d'acteur. Derrière ce récit de monarchie et de protocole se cache en réalité une bataille intérieure bouleversante : celle d’un homme qui doit apprendre à dompter sa voix pour assumer son destin.

Un roi malgré lui

Le film retrace l’histoire vraie du prince Albert, duc d’York (Colin Firth), contraint de monter sur le trône britannique en 1936 sous le nom de George VI, après l’abdication de son frère Édouard VIII. Hanté par un bégaiement sévère depuis l’enfance, le futur roi se retrouve face à une épreuve inédite : s’adresser à une nation en pleine crise — et bientôt en guerre — alors que sa propre voix le trahit. Hooper filme cette lutte avec une pudeur élégante, transformant le protocole royal en théâtre émotionnel. Le réalisateur préfère s’attarder sur les regards, les respirations, les silences suspendus. Les murs étroits de la salle de thérapie nous enferment avec cet homme qui doit surmonter ses problèmes dans un tournant majeur de l'Histoire.

La rencontre entre Albert et Lionel Logue (Geoffrey Rush), un orthophoniste australien aux méthodes peu conventionnelles, constitue d'ailleurs le cœur battant du récit. Le duo improbable fonctionne à merveille : d’un côté, un futur roi coincé dans ses carcans sociaux ; de l’autre, un homme libre qui défie l’étiquette. Entre exercices de diction, séances de provocation et confidences inattendues, une amitié authentique se tisse peu à peu, brisant les barrières de classe et de protocole. Le film repose largement sur l’alchimie exceptionnelle entre Colin Firth et Geoffrey Rush.

Colin Firth royal

Colin Firth livre ici la performance de sa carrière. Son interprétation de George VI est d’une subtilité remarquable. Il ne joue pas un handicap, il l’incarne de l’intérieur, avec une humanité bouleversante. Cette prestation lui vaudra d’ailleurs l’Oscar du Meilleur acteur en 2011, consacrant une carrière jusque-là souvent associée à des rôles romantiques (ORGUEIL ET PREJUGES, BRIDGET JONES). Son envol lors du discours final, prononcé à la radio au moment de l’entrée en guerre contre l’Allemagne, condense toute la tension dramatique du film. Ce passage devient dès lors une victoire intime et collective. Ajoutons à cela la musique composée par Alexandre Desplat, qui transforme cette scène en sommet d’émotion pure.

Un succès mérité

Présenté au Festival de Toronto en 2010, LE DISCOURS D'UN ROI a conquis la critique et le public. Le film a remporté 4 Oscars majeurs (Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur, Meilleur scénario original) et rapporté 410 millions de dollars dans le monde, un véritable exploit pour un drame historique britannique au budget modeste (15 millions). Surtout, il surfe sur un bouche à oreille impressionnant, que ce soit aux USA (4 millions au démarrage, 135 millions au final) ou en France (494 161 entrées en première semaine, 3,024 millions au total).