Le dernier combat, le coup d'essai de Luc Besson

Rétrospective sur la carrière de Luc Besson

RÉTRO LUC BESSON

Romain Jankowski

7/12/20252 min read

Avant les succès de NIKITA, LE GRAND BLEU ou encore LEON, Luc Besson s’est fait remarquer avec une œuvre aussi atypique qu’ambitieuse : LE DERNIER COMBAT, sorti en 1983. Premier long-métrage du réalisateur, ce film en noir et blanc pose déjà les bases d’un univers visuel fort et d’une narration singulière, où l’économie de dialogues devient une véritable force d’expression.

Un monde silencieux

Dans un monde post-apocalyptique, où l’humanité semble avoir été décimée par une catastrophe inexpliquée, les rares survivants ne parlent plus. Le silence n’est pas qu’un choix esthétique : il reflète une humanité brisée, revenue à l’état primitif, où les gestes, les regards et les actes remplacent les mots. Ce mutisme généralisé donne lieu à une atmosphère lourde, pesante, quasi-métaphysique. Chaque scène devient une chorégraphie, chaque mouvement est chargé de sens.

Esthétique et ambition

Tourné en noir et blanc, avec un budget très limité, LE DERNIER COMBAT impressionne par sa rigueur visuelle. Besson adapte ici son court-métrage L'AVANT-DERNIER avec déjà Jean Reno et Pierre Jolivet au casting. Il joue ici sur les contrastes, les ombres et les décors en ruine pour créer une ambiance à la fois poétique et inquiétante. La ville dévastée, filmée dans les zones désaffectées de Paris, devient un personnage à part entière. Certains aficionados du cinéaste pensent que ce premier long-métrage est son meilleur, son plus pur, son plus incarné. Certes, le manque de budget saute parfois aux yeux, mais reconnaissons une belle maîtrise de la mise en scène et un vrai univers particulièrement bien construit (à la fois réaliste et onirique). Avec très peu de moyens, Besson parvient à composer des plans puissants, à inventer une grammaire cinématographique propre. Il s’inscrit d’emblée comme un styliste de l’image, influencé par le cinéma muet, la BD franco-belge, et les grands auteurs de science-fiction. La musique d'Eric Serra joue déjà un rôle très important, d'autant que le silence est primordial ici.

Une œuvre fondatrice

LE DERNIER COMBAT n’a connu qu’un succès d’estime à sa sortie, mais il s’est vite imposé comme un film culte, souvent cité pour son audace et son originalité. Il fallait un grain de folie pour monter ce long-métrage avec aussi peu d'argent et Besson avouera notamment qu'il ne connaissait rien au processus de production. Il n'était ici qu'un passionné, désireux de monter son film au-delà de toute autre considération. Il aura notamment été récompensé par le prix spécial du jury et celui du public au festival d'Avoriaz (un incroyable festival qui a notamment mis en avant des oeuvres telles que DUEL, MAD MAX ou TERMINATOR) et attiré 279 139 spectateurs. Il permettra également à Besson de passer à la vitesse supérieure avec SUBWAY, deux ans plus tard.