Le coin des mal-aimés : Vidocq, le masque et la plume

LE COIN DES MAL-AIMÉS

Romain Jankowski

4/19/20252 min read

Dans cette rubrique, je me penche sur ces films qui furent considérés comme "mauvais" ou "ratés" ainsi que les lourds échecs qui ont gâché l'aura d'un film. À la fin, je pose une question simple : le mal-aimé est-il vraiment un raté ou peut-on le réhabiliter ?

VIDOCQ, LE MASQUE ET LA PLUME réalisé par Pitof (2001)

Ça raconte quoi ? A Paris, à l'aube de la Révolution de juillet 1830, Etienne Boisset, jeune journaliste et biographe autoproclamé d'Eugène-François Vidocq, débarque de son village de province pour démasquer l'assassin de son maître à penser et reprendre sa dernière enquête laissée inachevée. En cours de route, il fait la rencontre de tous ceux qui avaient côtoyé de près ou de loin Vidocq : Preah, une courtisane manipulatrice ; Nimier, détective et ami du défunt ; et Lautrennes, officier de police flanqué de deux gardes du corps jumeaux. De bordel en fumerie d'opium, de sombres ruelles en cabinet secret, Etienne Boisset va découvrir un monde d'une fantastique décadence.

Le contexte : Le cinéma français est en pleine ébullition à la fin des 90s et à l'aube de ces années 2000. De nombreux projets ambitieux voient le jour et certains sont déjà sortis quelques mois auparavant comme VERCINGETORIX (avec le résultat désastreux que l'on connaît), BELPHEGOR (de bons chiffres, mais des retours calamiteux) ou LE PACTE DES LOUPS (énorme succès). VIDOCQ arrive donc avec ses gros sabots dans un contexte idéal (le film de Christophe Gans avec sa bête du Gévaudan vient de cumuler 5 millions d'entrées, Sophie Marceau et le fantôme du Louvre plus de 2 millions) et porté par Gérard Depardieu, l'un des acteurs les plus populaires de l'Hexagone.

Pourquoi c'est un mal-aimé : Si la réalisation de Gans sur LE PACTE DES LOUPS fut louée malgré quelques errances de scénario, celle de VIDOCQ est son défaut le plus évident. Les acteurs sont également pointés du doigt tout comme le scénario de Pitof et Jean-Christophe Grangé. En fait, rien ne fonctionne vraiment même si les critiques de la presse seront plutôt indulgentes, contrairement au public qui ressort déçu de ce spectacle immédiatement daté.

Réhabilité ou raté ? J'ai revu récemment LE PACTE DES LOUPS et il faut bien admettre que la mise en scène est franchement soignée, magnifiée par le sens du cadre et les influences de Gans. Quant à VIDOCQ... Comment le qualifier autrement que d'irregardable ? Pitof n'est clairement pas Gans et emballe son métrage de scènes souvent désastreuses visuellement. Les effets spéciaux sont ignobles et les choix de cadre faits avec une pertinence toute relative (on a l'impression d'être face à un film amateur). Je rappelle quand même qu'il a coûté 23 millions d'euros... Bref, l'ensemble n'est pas sauvé par le casting, franchement calamiteux. Même Depardieu en rajoute beaucoup trop dans son rôle tandis que Guillaume Canet semble jouer dans un autre film. Triste mention spéciale pour Inés Sastre, en délicatesse ici comme sur VERCINGETORIX. Alors oui, on peut toujours se dire que ce sont les débuts du numérique (VIDOCQ est le premier film à avoir été tourné avec une caméra numérique, un an avant STAR WARS 2), mais son ratage va bien au-delà de son aspect visuel. Pitof, lui, ne réalisera plus qu'un autre projet et quel projet : le tristement célèbre CATWOMAN.