Le coin des mal-aimés : Aux frontières de l'aube
LE COIN DES MAL-AIMÉS
Romain Jankowski
3/22/20252 min read


Dans cette rubrique, je me penche sur ces films qui furent considérés comme "mauvais" ou "ratés" ainsi que les lourds échecs qui ont gâché l'aura d'un film. À la fin, je pose une question simple : le mal-aimé est-il vraiment un raté ou peut-on le réhabiliter ?
AUX FRONTIERES DE L'AUBE réalisé par Kathryn Bigelow (1987)
Ça raconte quoi ? Une nuit, Caleb, un jeune fermier de l'Oklahoma, rencontre la belle Mae. Fasciné, il tente de la séduire et obtient d'elle un baiser qui devient une morsure. Ce contact va entraîner Caleb dans le monde des compagnons de Mae, des vampires. Il devra apprendre à tuer pour s'abreuver du sang de ses victimes.
Le contexte : Kathryn Bigelow n'avait pas réellement l'envie de tourner un film de vampires, mais plutôt... un western. Malheureusement, les studios n'en voulaient pas, arguant que ce genre était à l'agonie et qu'il fallait se tourner vers l'horreur, plus rémunératrice. Maligne, elle fusionnera les deux genres pour donner lieu à une forme hybride entre horreur et... western ! Ce qui donnera un film part nommé AUX FRONTIERES DE L'AUBE.
Pourquoi c'est un mal-aimé : Si la critique est plutôt indulgente avec le film, le public le repousse violemment. Dans le fond, les producteurs ne savent pas quoi faire de cette oeuvre atypique et organise une promo assez catastrophique qui ne met absolument pas en valeur le film. Prenant peur au dernier moment du lourd échec qu'ils anticipent, ils limitent la sortie et "s'offrent" un gros bide : À peine 3 millions de dollars récoltés. Les spectateurs lui tournent le dos, mais reviendront vers lui lors de sa sortie en vidéo.
Vraiment raté ou réhabilité ? Kathryn Bigelow a connu des succès (POINT BREAK, DEMINEURS), mais a également eu souvent un coup d'avance artistique qui ne l'a pas aidé lors de la sortie de ses films. Un aspect visionnaire que l'on retrouve par exemple dans STRANGE DAYS ou AUX FRONTIERES DE L'AUBE. Le public de 1987 n'était probablement pas prêt pour un tel film avec ce ton unique, marquant le style viscéral de la réalisatrice. Aujourd'hui, il est culte pour une grande partie des cinéphiles et son aura ne cesse d'augmenter. Peut-être parce qu'il prend de l'ampleur à chaque visionnage, s'extirpant de son postulat de série B pour montrer une certaine profondeur envers son récit et ses personnages, tous campés par un impeccable casting (Bill Paxton, Lance Henriksen, Jenny Wright, Adrian Pasdar). Indéniablement, un film réhabilité.