Jason et les Argonautes, Ray Harryhausen au sommet de son art

Ah, JASON ET LES ARGONAUTES ! Un film marquant à plus d'un titre, récit d'un voyage épique à travers la Grèce antique, porté par la maestria du légendaire Ray Harryhausen et ses créatures mémorables. C'est aussi le récit d'un jeune garçon qui découvre ce long-métrage avec une passion hors du commun. Ce jeune garçon est l'auteur de ces lignes.

Talos le terrible

Bon sang, que de souvenirs à l'évocation de JASON ET LES ARGONAUTES. Il y a tellement de morceaux de bravoure dedans que le garçon de 10 ans que j'étais fut émerveillé par ce qui se déroulait à l'écran. Je pense que la scène qui m'a toujours le plus impressionné est celle de la statue Talos. L'ambiance y est parfaitement fabuleuse et le montage particulièrement abouti. Le vent se lève, le mystère s'épaissit et le danger grandit. En une poignée de minutes, Harryhausen fait grimper la tension pour aboutir à l'action et la levée du colosse de Bronze, magnifique spectacle qui se termine par une blessure mortelle au talon. Je crois que j'ai visionné des dizaines de fois cette scène que je trouve magistrale. Elle est, pour moi, la définition même d'une ambiance à amener avant l'action, ce silence lourd qui se transforme en pression et en danger pour les personnages avant la matérialisation effective du péril. Peter Jackson a parfaitement capté cette importance dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Souvenez-vous, dans LES DEUX TOURS, cette bataille du gouffre de Helm est largement précédée par une ambiance très pesante et ce silence de plomb qui précède la furie à venir.

Un impact indéniable

JASON ET LES ARGONAUTES a toujours eu cette capacité d'émerveillement auprès des plus jeunes et c'est exactement ce qui s'est passé avec moi. Et je pense que je suis loin d'être le seul... C'est vraiment l'apothéose de l'association entre Harryhausen et le producteur Charles H. Schneer avec Don Chaffey à la réalisation, spécialiste et du cinéma d'aventures (en 1966, c'est lui qui mettra en scène UN MILLION D'ANNEES AVANT J.C). Le rythme ne faiblit jamais et les dangers que rencontrent Jason (incarné par Todd Armstrong qui n'aura pas de grande carrière par la suite et qui se suicidera en 1992 à l'âge de 55 ans) stimulent l'imagination de Harryhausen qui enchaîne les monstres légendaires. L'affrontement avec l'armée de squelettes a marqué l'Histoire du cinéma, durant trois minutes à l'écran, mais demandant plus de quatre mois de travail ! C'est une démonstration de la minutie d'un artiste qui a permis une évolution significative des trucages. N'oublions pas également la musique Bernard Herrmann, auteur d'une magnifique partition aussi épique que le voyage de Jason.

Evitant de nombreux écueils inhérents aux films de ce genre à cette époque, JASON ET LES ARGONAUTES reste un métrage passionnant, porté par un souffle magnifique et des souvenirs qui restent toujours en tête.