Jacknife, l'histoire d'un film sur les traumatismes d'après-guerre

HISTOIRE DU CINÉMA

Romain Jankowski

5/19/20252 min read

Après ANGEL HEART, LES INCORRUPTIBLES et MIDNIGHT RUN, Robert de Niro change encore d'horizon en incarnant Joseph "Megs" Megessey, un ancien combattant du Vietnam au caractère brut, imprévisible mais profondément loyal. À ses côtés, Ed Harris en vétéran rongé par l'alcool et la culpabilité ainsi que Kathy Baker qui joue la soeur de ce dernier.

La vie d'après

JACKNIFE suit le parcours de deux anciens soldats du Vietnam, Megs et Dave, qui se retrouvent plusieurs années après la guerre. Dave vit reclus avec sa sœur Martha, en proie à l’alcoolisme et au traumatisme du conflit. Megs, plus excentrique mais déterminé à tourner la page, tente de l’aider à sortir de sa torpeur. Mais la réintégration dans la vie civile n’est pas simple, et les vieilles blessures, autant physiques que mentales, refont surface. Dans ce huis clos psychologique, les tensions montent, notamment lorsqu'une relation naissante se développe entre Megs et Martha, ce qui ne fait qu’attiser le ressentiment de Dave.

Un superbe trio

Le film est basé sur la pièce de théâtre STRANGE SNOW de Stephen Metcalfe. Le récit se concentre uniquement sur les traumatismes de la guerre, mettant de côté les affrontements sur le terrain. C'est le moment où les Etats-Unis s'interrogent sur ce conflit et ses répercussions (il y a eu JARDINS DE PIERRE de Coppola, suivra également NÉ UN 4 JUILLET de Stone). JACKNIFE plonge totalement dans cette thématique avec une mise en scène sobre que l'on doit à David Hugh Jones, un réalisateur britannique passionné de théâtre. Il a précédemment mis en scène TRAHISONS CONJUGALES avec Jeremy Irons et le très bon 84 CHARING CROSS ROAD avec Anne Bancroft et Anthony Hopkins. On ressent la volonté de jouer la carte de l'authenticité ici avec des décors naturels et une lumière assez brute, renforçant la banalité de la vie d'après-guerre (en contraste avec les couleurs chaudes souvent associées à l'imagerie du Vietnam).

JACKNIFE s'appuie sur son casting et au-delà du duo De Niro - Harris, il faut souligner la bonne prestation de Kathy Baker dans un rôle assez poignant. L'aspect confidentiel du film n'a pas joué en sa faveur à sa sortie ni à posteriori. Il n'y a jamais eu de vraie lumière sur ce film qui n'a certes pas l'aura ni la grandeur de certains autres longs-métrages qui traitent d'un sujet similaire. Il mériterait toutefois une seconde chance, ne serait-ce que pour cette séquence assez magistrale du dîner où la performance des trois comédiens est assez renversante.