Inland Empire, l’ultime oeuvre de David Lynch
RÉTROSPECTIVE DAVID LYNCH
Romain Jankowski
1/25/20252 min read


Cinq ans après le succès d’estime de MULHOLLAND DRIVE, David Lynch était forcément très attendu pour un retour largement relayé dans la presse à l’époque. Parvenu au sommet de son art, il confection alors un étrange matériau expérimental dont il a le secret, appelé INLAND EMPIRE. Sauf qu’ici, même une grande partie de ses aficionados vont s’y perdre.
Tournage particulier
David Lynch n’avait ici pas de script traditionnel. Contrairement à ses œuvres précédentes, où des scénarios précis guidaient la production, ce film s’est développé de manière organique. Lynch a écrit les scènes au fur et à mesure, souvent en s’inspirant d’idées ou de visions qui lui venaient spontanément. Résumer INLAND EMPIRE ? Mission presque impossible alors essayons d’être le plus direct possible : c’est la descente troublante d’une actrice dans un labyrinthe de réalités fragmentées alors qu’elle perd pied entre son rôle et sa propre identité.
Concept à la fois topographique et psychanalytique, l’ensemble reprend la trame méta du « film dans le film en train de se faire », poussant les curseurs de l’inconscient avec une liberté totale. Chapeau à Laura Dern qui incarne avec force Nikki Grace, malmenée pendant trois heures dans un labyrinthe surréalisme à la limite du supportable. Voilà un film parfois immersif, hypnotique et d’une étrangeté à faire passer ses oeuvres précédents pour des oeuvres grand public ! INLAND EMPIRE est sans conteste le long-métrage le plus abstrait de son auteur, explorer les possibilités offertes à l’époque par la Digital Video, au détriment du tournage en pellicule. L’image est donc brumeuse, floue, avec des zooms et des gros plans intempestifs. Et ajoutons bien sûr la fameuse caméra tremblotante qui doit rapprocher le film du documentaire.
Le chant du cygne
Présenté au festival de Venise en 2006, INLAND EMPIRE est salué par une partie de la critique, mais totalement boudé par le grand public. C’est simple, c’est le pire score de sa carrière au box-office avec seulement 3,5 millions de dollars récoltés et 127 786 entrées en France ! De tous ses longs-métrages, celui-ci semble être le moins réhabilité. Lynch a volontairement laissé le sens du film ouvert à l’interprétation, refusant d’en donner une explication définitive. Cela reflète son approche artistique, où il invite le spectateur à explorer et ressentir l’œuvre plutôt qu’à chercher une seule vérité narrative. Une direction qu’il aura suivi durant toute sa carrière et qu’il a donc achevé avec ce INLAND EMPIRE. Du moins au niveau cinématographique.