En pleine tempête, le drame maritime spectaculaire de Wolfgang Petersen
DOSSIERS
Romain Jankowski
8/5/20253 min read


Sorti en 2000, EN PLEINE TEMPETE s’inscrit dans la grande tradition du film catastrophe hollywoodien. Adapté du livre de Sebastian Junger, le film de Wolfgang Petersen (réalisateur du BATEAU et de L'HISTOIRE SANS FIN) retrace la dernière traversée du chalutier Andrea Gail, pris dans une tempête d'une violence inouïe. Un quart de siècle après, le film n’a rien perdu de sa puissance.
Une avancée technologique
Gloucester fut pendant près de quatre siècles le premier port d'Amérique. Mais l'âge d'or est révolu et les temps difficiles obligent les marins à s'aventurer dans des zones depressionnaires à haut risque. Aussi, après une saison décevante, Billy Tyne (George Clooney), capitaine de l'"Andrea Gail", décide-t-il de tenter sa chance dans la zone du cap Flemish. Mais les éléments semblent s'acharner contre lui et son équipage: une terrible tempête se soulève.
En 2025, EN PLEINE TEMPETE met toujours une claque par la qualité des effets visuels, incroyablement solides pour l’époque. Signés ILM, ils ont repoussé toutes les limites possibles de la simulation océanique. Le studio a notamment mis en place des logiciels de mécanique des fluides qui modélisent des vagues gigantesques, jusqu’à 100 pieds de haut, jamais vus auparavant au cinéma. Les équipes ont alors créé plus de 80 états océaniques différents, qu’ils ont combiné pour générer des mouvements réalistes et variés. Les effets de mousse, d’écume, de brume et de gouttes d’eau ont notamment été animés via des millions de particules simulées, pour restituer la densité de l’eau, l’influence du vent, la turbulence et le réalisme du mouvement. En 2000, on laissait encore du temps aux animateurs pour bosser et la qualité globale s'en ressent... Au-delà de cette formidable avancée technologique, EN PLEINE TEMPETE fonctionne aussi grâce à ses nombreux effets de plateau qui offrent beaucoup de réalisme à l'ensemble. Les scènes avec les acteurs ont été filmées dans un gigantesque tank aquatique sur plateau, utilisé notamment pour des tanks, des gimbals hydrauliques à six axes simulant le tangage violent du bateau, et des canons à eau, ventilateurs et jets de pluie artificiels !
Du coeur à l'ouvrage
Au-delà de l'aspect technique, il y aussi et surtout une histoire humaine. Le film prend le temps de nous faire exister ces marins à l'écran, d’explorer leurs dilemmes, leurs espoirs et leurs sacrifices. Un ancrage émotionnel fort, qui donne encore plus de gravité à la tragédie. Le casting est étoffé, de la star George Clooney en capitaine bourru et charismatique en passant par Mark Wahlberg en jeune pêcheur idéaliste et les seconds rôles solides (John C. Reilly, Diane Lane, William Fichtner). EN PLEINE TEMPETE adopte une progression dramatique bien dosée, où l'espoir cède peu à peu la place à l'inéluctable. Petersen joue sur le silence, sur l’attente, sur la montée de la menace invisible avant le chaos. Certes, il y a toujours certains raccourcis hollywoodiens (notamment dans la représentation des personnages, tous archétypaux), mais l'ensemble fonctionne toujours aussi bien aujourd'hui, porté par la magnifique partition de James Horner (dont on peut entendre ici ou là quelques notes qu'il reprendra plus tard sur AVATAR).
Le film de Wolfgang Petersen reste un modèle de blockbuster centré sur des hommes ordinaires face à l’impitoyable nature. Plus qu’un film catastrophe, c’est une ode à la bravoure et à l’abnégation. C'est une époque pas si lointaine où un studio pouvait encore mettre 125 millions de dollars dans un long-métrage original et non rattaché à une franchise. Résultat, le score avait été très bon au box-office (325 millions de dollars amassés) et celui-ci fut au moins doublé par des recettes vidéos stratosphériques. Ce succès permettra au cinéaste de mettre sur pied un autre blockbuster de taille : TROIE.