Critique de WAKE UP DEAD MAN : UNE HISTOIRE À COUTEAUX TIRÉS
CRITIQUES
Romain Jankowski
12/19/20252 min read


Avec Wake Up Dead Man, Rian Johnson signe un troisième volet très attendu des enquêtes de Benoît Blanc. Un retour ambitieux, plus sombre, plus ample, mais aussi plus inégal.
Dans ce nouvel opus, le détective Benoît Blanc (Daniel Craig) est appelé à enquêter au sein d’une communauté religieuse aussi fermée que troublante, secouée par une mort en apparence inexplicable. Entre foi, secrets enfouis et non-dits soigneusement entretenus, Blanc se retrouve confronté à un mystère aux allures de crime impossible, où chaque certitude semble vouée à s’effondrer. Il est accompagné cette fois par un jeune prêtre assez impulsif (Josh O'Connor), ancien boxeur, et toujours prêt à sortir les poings. À mesure que l’enquête progresse, les masques tombent et la quête de vérité se heurte à des convictions profondes, mettant à l’épreuve aussi bien la logique du détective que sa perception morale des événements.
Un casting au top
D’emblée, le film impose son gabarit : 2h25, un format conséquent qui se fait parfois sentir. Si cette durée permet à Rian Johnson d’installer un contexte religieux inédit, tranchant nettement avec les univers des deux précédents films, elle pèse aussi sur la dynamique d’ensemble. Ce changement d’atmosphère a le mérite de renouveler la formule et d’explorer des thèmes plus graves, presque métaphysiques, mais au prix d’un rythme nettement moins soutenu. Il serait toutefois injuste de nier les belles intentions du cinéaste. Johnson connaît son sujet et le revendique ouvertement, allant jusqu’à citer John Dickson Carr, maître du roman policier. Une filiation assumée que le réalisateur s’amuse à réinventer avec malice, jouant avec les codes du genre et la logique labyrinthique chère aux amateurs de romans du genre classiques. Sur le papier, l’hommage est élégant, parfois même brillant.
Là où Wake Up Dead Man convainc davantage, c’est dans son travail sur les personnages. Le cinéaste continue de démontrer son talent pour brosser des portraits nuancés, et le casting y contribue largement. Josh O’Connor, véritable acteur en ascension, livre une prestation remarquable, habitée, qui capte l’attention à chacune de ses apparitions. Face à lui, Daniel Craig conserve ce flegme si particulier qui a fait de Benoît Blanc un détective déjà iconique, mélange d’excentricité contenue et de lucidité désabusée. Avec, toujours, ce style impeccable qui modifie son allure d'épisode en épisode.
Un coup de mou
Pourtant, plusieurs éléments viennent ternir l’ensemble. L’intrigue peine parfois à maintenir sa tension, s’enlisant dans des détours explicatifs et des scènes étirées. À cela s’ajoute un amoncellement de rebondissements qui finit par déséquilibrer le récit : à force de vouloir surprendre, le film donne par moments l’impression d’un fourre-tout narratif, où toutes les idées ne trouvent pas leur juste place.
Au final, Wake Up Dead Man reste un divertissement plaisant, porté par un vrai amour du genre et des interprètes solides. Mais il laisse aussi une sensation étrange, celle d’un cycle qui commence à tourner en rond malgré ses efforts pour se réinventer. Peut-être est-il tout simplement temps de laisser Benoît Blanc en paix, avant que l’élégance du mystère ne se perde dans la surenchère.
NOTE INDICATIVE : 13 / 20
WAKE UP DEAD MAN : UNE HISTOIRE À COUTEAUX TIRÉS est actuellement disponible sur Netflix.
