Critique de THE MASTERMIND
CRITIQUES
Romain Jankowski
9/11/20252 min read


Le Festival de Deauville met cette année en lumière une tendance frappante : le rythme de nombreux films semble de plus en plus problématique. Faut-il y voir une réaction à une société saturée par les formats courts et la consommation rapide d’images ? Peut-être. Toujours est-il que là où certains cinéastes parviennent à donner de la consistance à un récit lent d’autres se perdent dans des lenteurs stériles.
C’est le cas du nouveau film de Kelly Reichardt, THE MASTERMIND. Le pitch avait pourtant de quoi intriguer : Josh O’Connor, très présent cette année au festival (c’est déjà son troisième rôle à l’affiche), incarne JB un père de famille ordinaire qui décide, sans raison apparente, de monter un braquage d’œuvres d’art dans un musée. Lui-même semble ne pas savoir pourquoi il agit ainsi — ses complices encore moins, l’un d’eux abandonnant même le projet tant il lui paraît absurde.
Perte de repères
La première partie fonctionne bien. On est happé par ce protagoniste paumé, maladroit, et par un braquage bancal qui flirte avec l’absurde. La réalisatrice inscrit son histoire dans le contexte social tumultueux de la guerre du Vietnam, avec ses manifestations et son climat de tension, donnant un cadre intéressant à ce récit d’anti-héros. Mais à partir de l’enquête policière qui s’enclenche, le film perd toute énergie. JB quitte sa famille, s’enfonce dans une errance interminable et les relations esquissées — notamment avec sa femme — manquent cruellement de relief. La seconde moitié aligne de longs plans lancinants où O’Connor erre dans des chambres d’hôtel ou croise des personnages secondaires sans que l’on saisisse réellement le sens de ces rencontres. Peut-être s’agit-il d’illustrer son désarroi, mais l’effet se retourne contre le film : le spectateur, lui aussi, finit par se perdre et décrocher. C'est dommage, surtout pour O'Connor. Si vous ne le connaissez pas encore, ça ne tardera pas tant ce comédien impose sa présence singulière à l'écran.
La conclusion, censée renouer avec l’ironie du début, tombe à plat, comme si l’élan initial s’était dilué en chemin. THE MASTERMIND reste une curiosité, amorcée par une idée séduisante, mais engloutie par un rythme lancinant et une mise en scène trop distante pour que l’on s’attache vraiment à ce personnage en chute libre.
NOTE INDICATIVE : 10 / 20
THE MASTERMIND est réalisé par Kelly Reichardt.
Prochainement en salles.