Critique de MARCHE OU CREVE
CRITIQUES
Romain Jankowski
10/7/20252 min read


MARCHE OU CREVE est l'une des premières lectures de Stephen King pour l'auteur de ces lignes. En effet, j'ai démarré mon exploitation de l'univers du Maître avec SIMETIERRE d'abord et celui-ci ensuite, rédigé sous son pseudonyme Richard Bachman. Deux chocs et deux récits totalement différents qui m'ont montré directement la voie : King maîtrise l'art du storytelling comme personne.
Ce récit dystopique, reflet d'une Amérique secouée par le fiasco de la guerre du Vietnam, est aussi sombre que pessimiste. En faire une adaptation en 2025 est une idée judicieuse, tant notre société est gangrenée par la violence et le capitalisme roi. Rien n'aurait changé en près de 50 ans ? Il y a de ça, mais aussi certains éléments qui nous façonnent, comme ce rapport à l'image qui a radicalement changé notre façon de voir les choses. Francis Lawrence, passé pro du genre (JE SUIS UNE LEGENDE, la saga HUNGER GAMES), s'aventure sur un terrain miné tant MARCHE OU CREVE se base sur une idée qui n'inspire pas forcément l'emballement cinématographique : les protagonistes doivent marcher jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Face au pouvoir
Pourtant, le film tient la route. Si le cinéaste ne parvient pas à maintenir la pression jusqu'au bout, il nous réserve tout de même quelques belles embardées et soigne surtout ses personnages. Lawrence est un peu frondeur sur les bords, et son travail sur la saga HUNGER GAMES allait déjà dans ce sens. Il a toujours donné l'impression d'être davantage intéressé par la politique et l'écrasement du peuple par un pouvoir sans limites que par les scènes d'action. Un angle qui avait déplu à l'époque de la sortie des HUNGER GAMES 3 et 4, tant la dimension spectaculaire attendue laissait place à la psychologie des personnages. MARCHE OU CREVE n'est pas si différent : porté par un casting solide de jeunes acteurs (notamment Cooper Hoffman, fils du regretté Philipp Seymour Hoffman, ou David Jonsson, vu dans ALIEN : ROMULUS), le film parvient facilement à nous attacher à ces garçons prêts à souffrir pour une récompense qui paraît abstraite. Motivés, puis désarçonnés, fatigués, revitalisés et tragiquement touchés, ils traversent ces centaines de kilomètres avec un souffle éreinté qui dépasse le cadre, nous embarquant avec eux dans leurs galères.
Du roman, Lawrence parvient à en extirper les principaux thèmes, malgré quelques changements qui ont leur importance (et que je ne vous dévoilerai pas ici). MARCHE OU CREVE reste un film solide, sans véritables envolées, mais qui a le mérite de ne pas se détourner du concept initial. On aurait pu espérer quelques prises de liberté, surtout dans la mise en scène, malheureusement assez simpliste (alternance de plans larges et plans serrés, exécutions qui versent trop dans le gore alors que l'idée de base est justement l'aversion à la violence). Malgré tout, il n'est jamais aisé d'adapter Stephen King et ce film s'en sort avec les honneurs.
NOTE INDICATIVE : 13 / 20
MARCHE OU CREVE est actuellement disponible dans les salles de cinéma.