Critique de MA MERE, DIEU ET SYLVIE VARTAN
CRITIQUES
Romain Jankowski
4/8/20253 min read


Les adaptations de livres reconnus est toujours une aubaine pour les producteurs. Pas forcément une garantie de succès, mais disons une ouverture éventuelle vers un succès. Je suis tombé il y a peu sur un article dans LE FILM FRANÇAIS qui évoquait notamment cette nouvelle tendance, actuelle et future, de recherche du "bon" livre pour la "bonne" adaptation. On peut dire que MA MERE, DIEU ET SYLVIE VARTAN est de ceux-là.
Il faut bien comprendre que le coup est gagnant pour tout le monde. Les producteurs ont leur succès, les éditeurs sont heureux et les auteurs touchent un beau pactole. Les ventes du livre redécollent (ou décollent, tout simplement) et si c'est un phénomène (comme L'AMOUR OUF), alors là c'est un véritable cataclysme de bonheur. MA MERE, DIEU ET SYLVIE VARTAN est donc adapté du roman du même titre écrit par Roland Perez. Ce dernier retrace son parcours de vie, et l'importance de la chanteuse à toutes ces étapes. Et bien sûr, la présence de la mère, véritable fondement du récit qui prend une place primordiale. L'histoire s'articule donc autour d'une famille dont le dernier-né a un "pied bot", une déformation du pied. Nous sommes dans les années 60 et on lui prédit qu'il ne marchera pas. Mais la mère, elle, est bien décidée à le relever, quitte à entreprendre un périple rempli de protagonistes aussi opposés que les divinités, les médecins et... Sylvie Vartan.
Le réalisateur Ken Scott (STARBUCK) s'empare de cette histoire avec aisance et mise grandement sur le personnage de la mère, incarnée avec force par Leila Bekhti. Le numéro de la comédienne tourne à plein et c'est ici que Scott tente de belles envolées comme cette séquence chantée enthousiasmante qui fait dévier, le temps d'une chanson, le film vers la comédie musicale. Sur cet axe du récit, le cinéaste enchaîne les péripéties jusqu'à avoir du mal à véritablement surprendre. Une fois la mécanique absorbée, on est en droit d'attendre plus. Alors exit la mère et place au fils qui se révèle dans l'ombre toutefois étouffante de son parent maternel. Ici, l'histoire devient une chronique de vie, celle d'un homme qui réussit sa vie professionnelle et personnelle, mais qui souhaite aussi oublier son enfance et son "handicap". C'est là que Vartan prend son importance, arrivant de manière un peu incongrue dans ce récit à l'aide d'un masque virtuel assez horrible, puis ensuite sous sa véritable apparence des années plus tard.
Les drames se succèdent, mais la vie suit son cours. Le cinéaste ne prend plus son temps et enchaîne les ellipses. Le rythme est là, mais on ne peut s'enchaîner de penser que les émotions manquent au fur et à mesure. Un drame en particulier aurait mérité d'être davantage développé. En prenant ce parti pris, il y a l'évitement d'un ton trop mélodramatique ou d'un pathos accentué, mais on aussi l'impression que MA MERE, DIEU ET SYLVIE VARTAN se refuse à l'émotion, comme si celle-ci devait avant tout être retenue plutôt qu'exprimée. Il en résulte un film dont les thèmes sont pertinents, mais manquant relativement de souffle, de grandeur. Le casting, lui, joue une belle partition, Bekhti étant la cheffe d'orchestre. Remarquable prestation que la sienne, et ce, à tout âge. Jonathan Cohen, sans ses pitreries, montre aussi que c'est un acteur qui sait être sérieux et convaincant dans un registre plus dramatique. Il avait déjà exposé cette palette précédemment, mais jamais avec autant d'intensité.
Il est aisé de voir ce qui touche autant le public dans ce film, cette faculté de parler au plus grand nombre par le biais d'une relation aussi belle que toxique entre une mère et un fils. Si certaines ficelles sont bien présentes, MA MERE, DIEU ET SYLVIE VARTAN reste un beau métrage populaire dans le sens noble du terme.
NOTE INDICATIVE : 14 / 20
MA MERE, DIEU ET SYLVIE VARTAN est actuellement disponible dans les salles de cinéma.