Critique de HERETIC
Mon avis sur le film HERETIC
CRITIQUES
Romain Jankowski
12/16/20243 min read


Le studio A24 poursuit un travail en dehors des normes avec ses productions qui se veulent souvent plus cérébrales et adultes que la concurrence. Il a parfois le défaut de ses ambitions (à trop intellectualiser, on perd toute spontanéité), mais on peut lui reconnaître cette envie de bousculer un peu les codes.
Un duo mineur
HERETIC entre donc aisément dans les codes du studio. Deux jeunes missionnaires de l’église mormone (Sophie Thatcher et Chloe East) d’une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l’espoir de convertir les habitants. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d’une maison isolée. C’est le charmant Mr Reed (Hugh Grant) qui les y accueille. Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie… Les deux cinéastes qui nous proposent ce film sont Bryan Woods et Scott Beck, dont leur fait d’arme majeur fut d’écrire les scripts de la franchise SANS UN BRUIT. Derrière la caméra, que des films de seconde zone : NIGHT LIGHT, HAUNT et 65 – LA TERRE D’AVANT, leur plus grosse production (avec Adam Driver affrontant des dinosaures).
Grant, le bien-aimé
HERETIC attire l’oeil par la présence au casting d’un acteur que beaucoup de monde a adoré : Hugh Grant. Le roi des comédies romantiques des 90s dans un rôle aussi vicieux, ça a de quoi faire saliver. D’autant que derrière sa parure de beau gosse au sourire charmeur, Grant a toujours incarné ses personnages avec une certaine ambiguïté, cultivant l’art de déjouer les archétypes derrière l’argument de vente. Depuis une dizaine d’années, il se plaît à aller là où on ne l’attend pas et sa prestation dans HERETIC confirme qu’il fait le bon choix. Dès les premiers instants, son inquiétante présence offre au film ses meilleurs moments. Durant près d’une heure, il malmène les jeunes filles en posant des questions souvent pertinentes tout en menant des discussions au propos très intéressant. On se prend au jeu tout en sachant que derrière ce fameux sourire, il y a une part d’ombre potentiellement terrifiante qui s’y cache.
Un virage brutal
Puis, dans une volonté de raccrocher le film aux habituels codes du genre horrifique, les cinéastes perdent complètement pied. Dès lors que la machinerie dialoguée cesse pour laisser place aux effets, HERETIC s’effondre. Le scénario devient absurde et l’une des protagonistes se transforme soudainement en ingénieuse survivante. La narration prend toutes les mauvaises décisions jusqu’à son final grand-guignolesque. C’est peut-être la peur de ne pas satisfaire le public habituel du genre qui a poussé les réalisateurs à charger la mule, mais il aurait mieux fallu s’en tenir à la remarquable tension qui hantait chaque plan durant la première partie. Le long monologue de Reed sur les itérations est d’ailleurs l’un des moments forts du film et donnait à ce dernier une belle valeur thématique, abandonnée en cours de route pour gagner en efficacité. C’est pourtant l’inverse qui se produit.
AVIS GLOBAL : Passé une première heure aux thématiques intéressantes et à la montée en tension remarquable, HERETIC s’effondre dans sa seconde partie avec des effets qui tombent à plat. Reste Hugh Grant, saisissant dans la peau d’un homme aussi intelligent qu’effrayant.
NOTE INDICATIVE : 10 / 20