Critique de CONCLAVE

CRITIQUES

Romain Jankowski

12/12/20242 min read

Déjà chouchou d’une grande partie de la presse pour les prochains Oscars, le film CONCLAVE fait beaucoup parler par sa recherche graphique et son sens de la narration. Adapté d’un roman écrit par Robert Harris, le long-métrage réalisé par Edward Berger ne démérite pas, sans pour autant réussir à passionner durant ses deux heures assez longuettes.

Fiennes, le magnifique

Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence (Ralph Fiennes) se retrouve en charge d’organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s’intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu’il doit découvrir avant qu’un nouveau Pape ne soit choisi. Il y a dans CONCLAVE, une drôle d’atmosphère, coincée entre drame, humour et thriller, le tout emballé par un sens du cadre assez fantastique (on est en droit d’apprécier ces plans à la limite du tableau vivant). Ralph Fiennes, la mine fatiguée et en proie à des problèmes de foi, mène la barque avec ce qu’il faut de charisme et de qualité de jeu. On a tendance à « oublier » cet acteur quand on cite les meilleurs de sa catégorie et de sa génération, mais c’est une erreur. Il démontre, une fois de plus, à quel point il est capable d’incarner un personnage complexe sans pour autant tomber dans le sur-jeu.

Un réalisateur qui s’impose

À vrai dire, il y est pour beaucoup dans cette enquête au sein de l’Eglise qui nous bloque entre des murs religieux où chaque homme révèle ses faiblesses. Lawrence emprunte le chemin du choix de chacun et remet en question les fondements même de ce à quoi il croit. En qui mettre sa confiance ? À quel point les failles humaines mettent à l’épreuve la sainteté présumée ? CONCLAVE joue avec ces questionnements et se rend à l’évidence même : personne n’est ni noir, ni blanc. Un constat banal qui nous mène vers un final un peu lunaire que je ne vous révélerai pas ici. À force de vouloir chercher le rebondissement constant, le récit perd en force et en substance jusqu’à dérailler sévèrement dans certains de ses choix. C’est dans ces moments qu’il peut compter sur son casting (ajoutons à Fiennes, les bonnes prestations de Stanley Tucci, John Lithgow ou encore Lucian Msamati) et l’imposante mise en scène de son réalisateur. Ce dernier confirme tout le bien que je pense de lui après son puissant À L’OUEST, RIEN DE NOUVEAU. J’attends désormais de voir ce qu’il sera en mesure de faire avec le sixième opus de la saga JASON BOURNE dont il a la charge.

AVIS GLOBAL : Un bon casting et une mise en scène puissante font de ce CONCLAVE un film intéressant, même si certains choix dans sa narration demeurent discutables.

NOTE : 13 / 20