Critique de CHIEN 51

CRITIQUES

Romain Jankowski

10/20/20252 min read

Cédric Jimenez sait y faire. Depuis BAC NORD et NOVEMBRE, le réalisateur s’est imposé comme l’un des rares cinéastes français capables d’insuffler du nerf et du style à ses thrillers. CHIEN 51 confirme son talent derrière la caméra : mise en scène musclée, esthétique léchée, maîtrise de l’action… le savoir-faire est indéniable.

Uppercut attendu ?

Adaptée du roman éponyme écrit par Laurent Gaudé en 2022, cette histoire se déroule dans un futur proche pratiquement devenu une réalité. Paris a été divisé en 3 zones qui séparent les classes sociales et où l’intelligence artificielle ALMA a révolutionné le travail de la police. Jusqu’à ce que son inventeur soit assassiné et que Salia et Zem, deux policiers que tout oppose, soient forcés à collaborer pour mener l’enquête.

Forcément, notre regard de spectateur est un poil orienté (victime de chauvinisme ?). On est forcément plus indulgent parce que cette production est française. Plus attentif aussi ? Il est important de soutenir ce genre de cinéma, pas si commun dans l'Hexagone, parce qu'il y a une vraie proposition de cinéma et des scènes d'action qui en imposent. L'ambition est là, mais à force de bien cadrer, Jimenez oublie parfois de mordre. L’univers, pourtant prometteur — une société futuriste rongée par l’IA et les fractures sociales —, reste à l’état d’esquisse. Le film préfère se recentrer sur une enquête policière classique, bien ficelée mais sans éclat, laissant le spectateur sur sa faim. On sent la retenue, presque une prudence qui empêche le récit d’exploser.

Un manque de souffle

Le scénario, cousu de fil blanc, déroule sa mécanique sans surprise. Quant à l’intelligence artificielle censée être au cœur du propos, elle n’est qu’un accessoire vaguement high-tech, largement sous-exploité. On a vu plus inspiré. Devant la caméra, Gilles Lellouche grogne plus qu’il ne joue, transformant parfois son personnage en caricature d’enquêteur torturé. Adèle Exarchopoulos, elle, semble engoncée dans une rigidité qui bride son intensité naturelle. Les deux assurent l'essentiel, certes, mais sans la flamme qu’on attendait. D'autant que leur histoire sentimentale est franchement absurde...

Au final, CHIEN 51 impressionne par sa forme mais peine à captiver sur le fond. Un thriller soigné, efficace, mais qui manque de souffle et d’audace pour devenir le grand film qu’il aurait pu être.

NOTE INDICATIVE : 12 / 20

CHIEN 51 est actuellement disponible dans les salles de cinéma.