Critique de CAUGHT STEALING - PRIS AU PIEGE

CRITIQUES

Romain Jankowski

9/1/20252 min read

Quand un nouveau film de Darren Aronofsky sort, on est toujours curieux. Le cinéaste aime nous malmener de manière assez régulière et son art semble ne connaître aucune forme de limite. D'autant plus aujourd'hui dans une industrie qui paraît parfois trop lissée, cette volonté qu'il a de bousculer les codes s'avère parfaitement salvatrice. Même quand il se la joue davantage "grand public", comme avec ce CAUGHT STEALING, il ne le fait pas comme les autres.

On pourra d'ailleurs saluer au passage les ambitions de SONY qui a mis 40 millions de dollars sur la table pour un film aussi borderline. Même si Aronofsky sort d'une tournée critique triomphale avec THE WHALE (avec de bons chiffres en prime, puisqu'il a coûté 3 millions et en a rapporté 35), il est loin d'être le champion du box-office, malgré le fait que ses films soient régulièrement rentables (hormis MOTHER et THE FOUNTAIN, son plus gros flop). C'est un cinéaste à la marge et ce nouvel opus le montre, avec un peu moins de force, certes, mais panache. Sous couvert d'une drôle d'histoire de gangsters et son MacGuffin détonnant, CAUGHT STEALING est en fait le portrait d'un jeune homme qui a clairement la guigne et qui va devoir s'efforcer d'affronter ses peurs pour enfin avancer dans la vie. Et pour montrer ça, Aronofsky sort les gros sabots, avec méchanceté à la clé, provoc bien sentie, un peu de sexe et... un chat malin comme un diable.

À toute allure

L'univers foisonnant de CAUGHT STEALING n'a d'égal que sa galerie de personnages parfaitement allumés. Au sein de cette grande parade, se trouve donc Hank Thompson, incarné par un Austin Butler bluffant. Ce jeune comédien a désormais dépassé le stade des promesses et confirme son aura avec un jeu qui nous prend rapidement aux tripes. Qu'il continue à faire de tels choix de carrière et celle-ci sera indiscutablement marquante. Souvent à fleur de peau, coincé entre la peur et ses propres démons, puis finalement résilient face aux épreuves, il est la grande force d'un film qui va à cent à l'heure et sans vous prendre par la main. Qu'importe que certaines situations soient un peu absurdes, on évolue ici dans le monde d'en bas où chacun doit lutter avec ses armes pour s'en sortir. Celles-ci se résument aux poings et aux armes, les histoires finissant souvent mal.

Pour la petite histoire, c'est Charlie Huston le scénariste du film. Il était en territoire forcément connu puisque c'est lui qui a écrit le roman à l'origine du long-métrage. Il dynamite son propre récit pour l'adapter aux volontés du cinéaste et celui-ci s'amuse à construire et déconstruire tout ce qu'il montre. Il nous embarque dans une direction, puis fait volte-face avec une rupture de ton ou un rebondissement qu'on n'avait pas vu venir. Il aime toujours autant la provoc (un vomi en plan frontal, un flic qui vient se soulager chez l'interrogé...). Ça fourmille d'idées et si ça frôle parfois la sortie de route (notamment dans le troisième acte), on ne peut s'empêcher d'apprécier la vitalité d'un tel cinéma. Décidément, Aronofsky reste bien ce cinéaste inclassable.

NOTE INDICATIVE : 14 / 20

CAUGHT STEALING - PRIS AU PIEGE est actuellement disponible dans les salles de cinéma.