Critique de AVATAR : DE FEU ET DE CENDRES
CRITIQUES
Romain Jankowski
12/23/20253 min read


Donner son avis sur AVATAR, c’est comme se placer volontairement sous un projecteur trop puissant : on finit toujours ébloui ou brûlé. La saga de James Cameron est clivante, mais parle surtout à un public immense qui décroît légèrement, certes, tout en restant massif. C'est comme ça : Pandora est une manière de s'évader et le cinéaste ne cherche rien d'autre que l'extase cinématographique pure, quitte à sacrifier l'idée d'un scénario plus complexe.
Un voyage
Puisque le principal reproche fait à la saga est son écriture, éclaircissons un point : AVATAR n'est pas écrit avec les pieds. Il a surtout la fonction de transmetteur, permettant à la mise en scène d'exploiter au maximum les possibilités de cet univers. Cameron nous parle de nature, de croyance, mais surtout de liens familiaux et fraternels. Bien sûr, il n'est jamais loin de tomber dans la caricature (ce qui se passe un peu du côté des humains), mais il assume ses choix quitte à conforter ses détracteurs. Peu de chances que DE FEU ET DE CENDRES inverse la tendance puisque le schéma narratif a tendance à se répéter.
L'époque est aussi faite ainsi : un film c'est du dialogue et une histoire forcément racontée par des mots. Cameron revient à l'essence même du cinéma, narrant ses volontés par l'image. Il ne faudra jamais s'attendre à des rebondissements étourdissants ou des twists renversants. AVATAR est à l'instar de tout son cinéma et le cinéaste n'a jamais été friand d'une grande originalité qui détournerait son propos. TERMINATOR, ALIENS, ABYSS, TRUE LIES, TITANIC, autant de longs-métrages qui reposent sur des thèmes universels racontés avec son propre style, celui d'un cinéaste-ingénieur, recherchant constamment à repousser les limites. Il est le roi de l'iconisation, capable de vous imprimer la rétine d'images mémorables (le Terminator, ses lunettes, et son gros fusil qui dézingue un commissariat, des séquences sous-marines angoissantes, une Reine Alien monumentale, un paquebot qui coule, un arbre protecteur détruit par l'avidité des Hommes) et mettant en scène des personnages forts. Là se trouve certainement l'argument le plus injuste envers AVATAR : cette saga n'aurait pas de personnages imposants. Une drôle d'idée.
Spectacle total
La famille Sully recherche simplement la sérénité, la possibilité de vivre simplement auprès des leurs. Contraints de fuir, ils doivent se battre pour survivre à des Hommes prêts à tout pour se venger de Jake, y compris l'ambigu Quarritch. Cameron place justement sa caméra dans l'action et nous entraîne avec les Sully pour souffrir à leurs côtés. Et quel spectacle encore une fois, trois heures qui défilent à toute vitesse, remplies de morceaux de bravoure hallucinants (la première attaque du peuple des Cendres est littéralement vertigineuse). Chaque plan est riche d'une idée visuelle, témoignant du soin maniaque de Cameron et ses équipes pour soigner la composition d'image. Les 400 millions de dollars sont à l'écran et surtout utilisés avec intelligence (ce qui n'est pas souvent le cas). Dans un format IMAX 3D, AVATAR : DE FEU ET DE CENDRES n'est plus un film, mais un voyage total dont il est difficile de revenir.
Au-delà du spectacle, il y a aussi l'émotion, celle qui se veut simple et profondément touchante. Cameron avait prévenu que ce troisième volet serait un film sur le deuil et il n'avait pas menti. Affronter la perte d'un fils ou d'un frère est un gouffre qui sépare les membres d'une famille au lieu de les réunir. La façon dont cette perte est traitée est tout à fait pertinente. D'autant que les Navi's doivent cette fois faire face à un autre peuple bien plus hostile, mené par la terrifiante Varang. Un personnage aux intentions malveillantes, qui a décidé de choisir sa propre voie après avoir été abandonnée par Eywa.
DE FEU ET DE CENDRES poursuit donc la saga avec brio, renforçant encore cette idée que sur Pandora, Cameron peut raconter tout ce qu'il veut. Les quatrième et cinquième films vont certainement s'orienter vers une autre histoire puisqu'une ellipse est prévue. Une bonne idée afin de donner un nouvel élan à une franchise définitivement fascinante.
NOTE INDICATIVE : 17 / 20
AVATAR : DE FEU ET DE CENDRES est actuellement disponible dans les salles de cinéma.
