Cocoon, un conte de jouvence signé Ron Howard
DOSSIERS
Romain Jankowski
8/6/20252 min read


En 1985, Ron Howard — qui venait de signer le très remarqué SPLASH — s’attaque à une œuvre audacieuse et singulière : COCOON. Un film de science-fiction où l’extraordinaire se niche dans le quotidien, et où les héros ne sont pas des ados survoltés, mais des retraités attachants en quête de seconde vie. Loin des standards hollywoodiens (surtout ceux des 80s, notamment dominés par les oeuvres spielbergiennes), COCOON est un film profondément humain, drôle et émouvant, qui connut un succès aussi inattendu que mérité.
Quand la science-fiction touche au cœur
L’histoire se déroule en Floride, dans une maison de retraite tranquille où un groupe de seniors découvre une piscine aux pouvoirs régénérants. Ce miracle provient d’énigmatiques cocons extraterrestres entreposés là par des êtres venus de l’espace. Peu à peu, les pensionnaires retrouvent vigueur, énergie, et surtout l’envie de vivre. Derrière cette idée un brin farfelue se cache un propos fort : celui de la peur de vieillir, de la finitude, mais aussi de la transmission, du choix et de l’espoir.
Ron Howard parvient à insuffler une douceur rare à un genre souvent dominé par les effets spéciaux. Ici, l’extraordinaire n’est jamais tapageur : il sert toujours un récit centré sur les personnages. Les performances touchantes de Don Ameche, Hume Cronyn, Jessica Tandy ou Wilford Brimley donnent au film une authenticité bouleversante. D'ailleurs, concernant ce dernier, il n’avait que 49 ans à l’époque du tournage, alors qu’il incarnait un retraité. Le studio a dû le vieillir de façon spectaculaire : coloration grise des cheveux et du moustache, faux boutons de vieillesse peint sur la peau, afin qu’il s’aligne visuellement avec le reste des acteurs seniors (22 à 26 ans d’écart avec certains co‑stars).
Un succès critique et populaire
COCOON a vieilli, bien sûr. Les effets spéciaux trahissent leur époque et ont subi les affres du temps (précisons que le film avait impressionné à l'époque de sa sortie, gagnant même l'Oscar des meilleurs effets visuels). Et pourtant, le charme opère toujours. Parce qu’il parle de quelque chose de profondément universel : le désir de rester vivant, au sens large. Et parce qu’il ose poser une question rare au cinéma de divertissement : et si le plus grand des miracles, c’était simplement de se sentir à nouveau jeune de cœur ? Il y a une véritable émotion qui affleure et les thématiques abordées, elles, sont aussi intemporelles qu'universelles. Le film brille durant ces moments d'humanité, lui donnant une valeur plus grande que son postulat de SF basique.
COCOON fut un carton au box-office (plus de 85 millions de dollars de recettes pour un budget de 17), prouvant que le public pouvait s’enthousiasmer pour une œuvre sensible, peuplée de personnages âgés — fait rare à Hollywood (ce qui est toujours le cas). En plus des effets visuels, le métrage remporta un autre Oscar, celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Don Ameche. Il donna aussi naissance à une suite, COCOON : LE RETOUR, sortie en 1988. Ron Howard n'a d'ailleurs pas repris le poste de réalisateur, laissant sa place au moins transcendant Daniel Petrie. Peu inspirée, elle n’a pas eu l’impact du premier volet et, malgré quelques bonnes séquences, ne parvient jamais à réellement passionner.