Bobby Deerfield, Al Pacino dans la peau d’un champion de F1

HISTOIRE DU CINÉMA

Romain Jankowski

1/7/20252 min read

Al Pacino illumine les années 70, enchaînant les deux PARRAIN, L’EPOUVANTAIL et les deux magnifiques films de Sydney Lumet, SERPICO et UN APRES-MIDI DE CHIEN. Lorsqu’il signe pour BOBBY DEERFIELD, il souhaite explorer une part plus romantique et introspectif de son jeu.

Pollack à la manoeuvre

Inspiré par le roman LE CIEL N’A PAS DE PRÉFÉRÉS, écrit par Erich Maria Remarque, ce mélo, tout en retenue, s’avère être une belle réflexion sur la mort qui s’insinue partout. Le réalisateur Sydney Pollack a rapidement été séduit par le script, même s’il n’était pas le premier choix de la production. En effet, c’est le français François Truffaut qui fut d’abord approché pour narrer l’histoire de Bobby Deerfield, un jeune champion de Formule 1, méticuleux et obnubilé par la victoire. Un jour, il assiste à un accident dans lequel un pilote meurt et où un autre est gravement blessé.

Course et amour

On suit donc cet homme solitaire qui remet en question le sens de sa vie après avoir rencontré une femme atteinte d’une maladie incurable. Une femme qui respire la joie de vivre et qui est pourtant condamnée. Pollack s’attache autant à la passion naissante entre Bobby et Lilian (sublime Marthe Keller) qu’aux courses. Le tournage se déroule principalement en Europe, entre l’Italie, la France et la Suisse, nous offrant un cadre magnifique pour les courses et un véritable refuge pour les sentiments. Cette love story condamnée ne fait pas oublier au réalisateur qu’il doit aussi explorer le monde de la course, même si celui-ci est assez secondaire.

Bobby Deerfield, l’oublié

Les deux séquences de course réalisées pendant la saison 76 sont d’ailleurs d’une grande qualité, chacune ponctuée par un accident spectaculaire (un rattachement à la mort, le fil conducteur du récit). On peut notamment y voir James Hunt, Patrick Depailler ou Mario Andretti. Le brésilien Carlos Pace qui doublera Al Pacino au volant de la Brabham-Alfa Romeo BT45 trouvera la mort en mars 1977 dans un accident d’avion, tout comme un autre conseiller, le gallois Tom Pryce qui se tuera durant le Grand Prix de Kyalami. La production leur dédiera le film.

BOBBY DEERFIELD ne fut pas très bien accueilli par la presse tandis que le public ne s’est pas déplacé en masse dans les salles. Aujourd’hui, il demeure l’une des pièces oubliées des filmographies d’Al Pacino et Pollack, peut-être parce que sa dimension tragique prend beaucoup de place et qu’il souffre, il est vrai, d’un certain manque de rythme. Ce qui n’en fait pas un film inintéressant pour autant. D’ailleurs, Pacino avait déclaré en 2019 que c’était son oeuvre préférée dans sa filmographie : « Vous savez quoi ? BOBBY DEERFIELD EST mon film préféré, même si personne ne l’aimait à l’époque. Mais ce que je traversais dans ma vie à cette époque est retranscrit à l’écran. C’est très profond, très humain ».